Sept ex-péchés
Pom pom pom pom!
Arrêtez-moi tout d’ suit’ si j’ dis un’ balourdise
Mais les quat’ coups d’ la cinq moi toujours j’ les entends
Comm’ les quat’ pieds d’un’ tab’ que nous plante un titan
Et qu’après la musiqu’ surcharg’ de friandises
Et je m’ gorg’ les oreill’ de litchis d’ mangoustans
De babas de pets-d’ nonn’ de flans d’ négress’ en chemise
De fondants poir’-vanille avec coulis d’ cerises
J’ regrett’ de n’êt’ pas vach’ pour bâfrer à plein temps
Quoiqu’humain j’ peux quand mêm’ ruminer à ma guise
Sans cotiser au club des Ventripopotents
Les desserts de l’esprit qui m’allèch’ tout autant
Cett’ form’ de boulimie par bonheur est admise
Tirer su’ l’ corbillard n’ compt’ pas dans mes pass’-temps
Mais dit’-moi donc à quoi pensait vot’ mèr’ l’Église
En condamnant la bou la glou la Gourmandise
En envoyant les gros s’ fair’ braiser chez Satan
Mais ma question est sotte et j’ la r’tir’ quand j’ m’avise
Qu’ la bouff’ était m’surée et qu’ c’était révoltant
Que les mass’ crèv’ de faim et l’élite en banqu’tant
Mêm’ si cett’ dernièr’ mort est d’ loin la moins exquise
Oui à la réflexion j’ comprends qu’on ait voulu
Essayer d’ répartir un peu la nourriture
Mais cett’ raison n’ s’appliqu’ null’ment à la Luxure
Car y a d’ la fess’ pour tous et là on n’ comprend plus
Pourquoi priver l’ pékin d’ sa virée dans l’azur
Dans quel but lui prêcher qu’ ça m’naçait son salut
D’ s’offrir des festins d’ pine et des lippées d’ joufflu
Et raturer sott’ment la dictée d’ Mèr’ Nature
Cet interdit m’ paraît d’autant plus superflu
Qu’ les puissants n’ gagnent rien à nous fair’ fair’ ceinture
Au contrair’ quand on baise il me semb’ qu’on n’a cure
D’ chercher des poux aux princ’ aux prêtr’ ou aux élus
À cinq-six dans un lit on n’ sent pas la froidure
Ç n’ coût pas un radis d’ fair’ plein d’ trucs farfelus
Créatifs sans pinceaux ni stylo j’ vous salue
L’esprit souffle où il veut mêm’ sous les couvertures
Cela dit les affreux les paumés les exclus
Il suffit d’ me scruter pour voir qu’ ça les rassure
D’ fair’ vertu d’ l’abstinence et de jouir un’ souillure
J’en connais mêm’ à qui l’ Sida n’a pas déplu
J’ renâcle à embrayer sur l’élog’ d’ la paresse
Si l’on n’ décollait pas d’ la plage ou du bistrot
Y aurait plus d’ blé dans l’air’ ni d’ charbon su’ l’ carreau
Plus de toit sur nos têt’ et d’ tutu sur nos fesses
Si tout l’ mond’ bull’ comm’ toi on s’ met quoi sous les crocs
Je n’ vois qu’ la sueur des aut’ pour te fair’ de la graisse
C’est bon pour un c’ rêv-là mais pas pour tout’ l’espèce
Riche ou pauv’ moi j’ te l’ dis oisif égale escroc
C’est bien parlé papa j’ transmets à la jeunesse
Mais l’ culte au dieu Turbin sur l’autel d’ mon bureau
Dans l’usine ou la vigne ou l’ champ d’ cann’ ça c’est trop
La messe au bœuf merci Saint Stakhanov j’ te l’ laisse
Enfiler des rangs d’ perl’ et des chap’lets d’ zéros
C’est pas l’idée qu’ je m’ fais d’ la force et d’ la richesse
La vraie bull’ c’est d’ bosser sans savoir quoi ni qu’est-ce
D’ se soûler d’ tâch’ sans âm’ et d’ simples numéros
Y a plus d’ neuf dans un rêv’ que dans un’ vie d’ bizness
Plus d’ génie dans les brèv’ qui fus’t à l’apéro
Qu’ dans un million d’ sillons d’ boulons ou d’ bordereaux
La paresse est l’ terreau dans l’quel pouss’ la sagesse
Va-t’en dans la foulée plaider pour la folie
Mêm’ cell’ qui guérit vite et qu’on nomm’ la Colère
Je pass’ pour soupe au lait Dieu sait qu’ j’en suis pas fier
Et que parfois j’ pâlis d’ voir déborder d’ son lit
Un torrent limoneux d’invectiv’s ordurières
De copro de zoo et d’ pas mal d’aut’ philies
Qui terniss’ mon imag’ d’homm’ du monde accompli
Tout en rehaussant cell’ d’ mon rich’ vocabulaire
Mais c’est vous merde aussi band’ de casus belli
Qui m’ fait’ chauffer la bile et péter la caf’tière
J’ préfér’rais fair’ semblant qu’ vos travers m’indiffèrent
Mais voilà plus j’ me r’tiens plus ça vidang’ la lie
Vous êt’ si veul’ si cons si menteurs si pervers
Qu’on n’ peut vous côtoyer sans s’en sentir sali
Et qu’on n’a pas d’aut’ choix que l’ire ou l’ dégueulis
N’ pas râler mais ce s’rait cautionner vot’ misère
Tolérance et Respect brait la vox populi
Autrement dit laiss’ moi tranquill’ dans mon cim’tière
Pas d’accord l’ vrai respect c’est d’ s’indigner quand t’erres
On n’arrive au progrès qu’ par le ch’min du conflit
Ben moi j’ m’indigne pas mais tu t’ fous l’ doigt dans l’œil
Si tu crois nous fair’ peur avec ce bataclan
Et ton ch’min du conflit j’ le trouv’ plutôt gonflant
T’enfonc’ des port’ ouvert’ ou pour la rim’ des seuils
L’élog’ d’ ces péchés-là traîn’ partout d’ puis mille ans
La luxur’ la paress’ ça s’ prôn’ dans un fauteuil
Mais pour les trois derniers ce s’ra pas du mill’feuille
Et m’est avis qu’ t’as commencé par ton pain blanc
À présent j’ te défie de défendre l’orgueil
Des vic’ de notre temps y en a pas d’ plus soûlant
Tu m’as vu ces blaireaux qui s’ croient tous les talents
Et n’écout’ que c’ qu’ils ont à l’avanc’ dans l’oreuille
Ah pardon distinguo l’ami s’ils sont si glands
C’est pas tant d’ se surfair’ que d’êt’ durs de la feuille
En fonction d’ ton écoute et d’ ta vertu d’accueil
L’orgueil te plomb’ la tête ou lui donn’ de l’élan
Faut voir à pas confond’ la taupe et l’écureuil
Se lâcher l’idéal et s’ ballonner l’ bilan
Viser haut peut m’ner loin si tu rest’ vigilant
C’est la satisfaction qui nous sert de cercueil
J’ partag’ vos réticenc’ à confesser l’envie
Mais avec un brin d’ chou on en a vit’ fait l’ tour
Ça lès’ ma self-estim’ d’admett’ que certains s’ bourrent
De bonheurs et d’ vertus qu’ j’ai vain’ment poursuivis
Envier quoi scrogneugneu sa gonzess’ ou l’ Goncourt
Pas d’ quoi s’ foutre un drapeau à la plume ou au vit
Et Capri c’est surfait si tu veux mon avis
Nous voilà tout contents d’ nous dire aveugl’ et sourds
Et quand on s’ marr’ dedans d’ rester sur le parvis
Vous vous fait’ pigeonner c’ péché-là tas d’ balourds
C’est les nantis qui l’ont inventé comm’ toujours
Pour garer leur gross’ part d’ la griff’ des mal servis
Ce qui n’ les empêch’ pas d’ nous truffer les carr’fours
D’un tas d’ fliquett’ en t’nue légèr’ qui nous convient
À des désirs nouveaux en clamant à l’envi
T’es qu’un nul si t’as pas c’ nain d’ jardin dans ta cour
Alors osez sonder vos cœurs inassouvis
Qu’auriez-vous donc aimé sans rivaux sans concours
Vous savez bien qu’ l’envie est la mèr’ de l’amour
Vous savez bien qu’ l’envie est le nerf de la vie
Oui seul’ment rien n’empêch’ ces nerfs-là d’êt’ des vices
Et bien qu’ j’aie un soupçon d’en êt’ rich’ ment doté
Moi qui n’ jouis d’empletter qu’ des trucs qu’on met d’ côté
J’ trouv’ pas grand-chose à dire en faveur d’ l’avarice
J’ m’en voudrais d’ critiquer la générosité
J’ l’ai jamais rencontrée dans not’ mond’ de narcisses
Où l’ don vise à l’image où l’ gratis est factice
Mais savoir si c’est pas ma vue qu’est déjantée
Va savoir si c’est pas ma vil’nie qui s’immisce
Dis ça t’ fout pas les boul’ qu’on t’ fass’ la charité
Moi sou soupe ou sourir’ quand j’ peux pas m’acquitter
Toute offre m’est offens’ tout servic’ m’est sévice
Et j’ grommelle in petto qu’on m’ vol’ ma dignité
Qu’ c’est dans la possession qu’ se situe l’injustice
Qu’on soit d’ la poignée d’ saints ou du milliard d’ jocrisses
Qui trouv’ qu’ rien n’est classieux comm’ casquer sans compter
Bon combien ça m’en fait un peu plus d’ cent-trent’-six
C’est ptêt’ pas du grand art mais y a la quantité
Cett’ pingrerie n’enrichit guèr’ l’humanité
Mais j’en vois au moins un qu’elle repêch’ des abysses
Quand j’ m’adonne à c’ vic’-là j’ suis pas sûr d’éviter
La seul’ tar’ qui me hante et m’effraie et m’épuise
La rein’ de tous les temps son altess’ la bêtise
Elle et ses p’tit’ copin’ soumission et lâch’té
Pourriez-vous m’ dir’ pourquoi vous les avez omises
Pourquoi prend’ la colère et pas la cruauté
Pourquoi allez suffit il s’rait temps d’ constater
Qu’ cett’ liste à la mormoil n’ vaut pas qu’on s’y éternise
Il s’rait même un peu tard sans vouloir t’attrister