Antisémythes*
Je n’ suis pas d’ ceux qui donn’ dans la néoniais’rie
D’ ceux s’il en est qui song’ à réhabilhitler
Ou son pot’ Benito avec ses trains à l’heure
Les régim’ régiments j’ les exècre et j’en ris
J’ renvoie pas comm’ Brassens les enn’mis dos à dos
Qu’il vaill’ mieux fair’ le mort ou lutter ça s’ discute
Mais dès qu’on s’ bat qu’ ce soit pour ceux qu’on persécute
Et tous les réfractair’ à c’ credo sont crados
J’ dis pas qu’ j’aurais risqué ma couenn’ j’ suis plutôt couard
Mais j’ sais qu’ j’aurais jamais jappé avec les chiens
Qui japp’ aujourd’hui blanc aurait hier jappé noir
Les nouveaux aboyeurs val’ pas mieux qu’ les anciens
J’ serr’ la main d’ l’assassin isolé insoumis
Mais cett’ crapul’ qui s’ planqu’ sous les ail’ du vainqueur
Par ici les amis on peut tuer c’est permis
Quequ’ drapeau qu’ell’ brandiss’ me débecte et m’écœure
Merde il y a soixante ans que la guerre est finie
Qu’ les piétinés d’alors nous font goûter d’ leur botte
Tout en s’ plaignant sans cess’ d’êt’ voués aux gémonies
Et qu’ le statut d’ paria sert de trône au despote
J’en ai marr’ j’en ai marr’ marr’ marr’ marr’ d’ ces mickeys
À la parfin j’ trouv’ trop poir’ d’ m’émouvoir
Pour d’éternels traqués et matraqués
Qu’accumul’ les avoirs accapar’ tout pouvoir
Ma foi j’ choisis l’oubli si l’ devoir de mémoire
Consiste à s’ taire à obéir et à casquer
Je n’ suis pas d’ ceux qu’ séduit la solution finale
Qui la prôn’ la comprenn’ l’excus’ ou l’atténuent
Ou la class’ sans émoi parmi les crim’ banals
Y a trop d’ visag’ d’enfants qui n’en sont pas r’venus
Mais qu’ six millions moins trois fass’ toujours six millions
Qu’ le cyanur’ laiss’ des trac’ sauf quand il tue tant d’ monde
Et qu’ pour brûler des corps rien n’ vaille un’ foss’ profonde
Creusée dans la gadoue pouc’ j’entre en rébellion
Et le pis d’ ces ân’ries c’est d’être obligatoires
Car si j’ dissid’ on m’ ruine ou on m’ colle au cachot
Vot’ vérité d´État sur Auschwitz ou Dachau
C’est ptêt un texte saint mais n’ l’app’lez pas d’ l’Histoire
La douleur des victim’ et d’ leur progéniture
Et d’ leurs rej’tons d’ rej’tons jusqu’à la fin des temps
Ne chang’ pas en témoin un vendeur d’orviétan
Ni en preuv’ c’ qui n’ relèv’ que d’ la littérature
D’ailleurs quand tout s’rait vrai débattu vidimé
Je n’admets pas qu’ des morts on s’ fasse un piédestal
Qu’ les souffranc’ du passé fond’ le droit d’opprimer
Et pas plus qu’ cell’ du pap’ je n’ gob’ vos décrétales
J’en ai marr’ j’en ai marr’ marr’ marr’ marr’ d’ ces loustics
Qui pond’ un’ loi pour répondre aux critiques
Moi vous m’aurez assez m’né en barlu
La r’ligion de la Shoah et du Mal Absolu
Vous la prêchez trop mal c’est fini j’ marche plus
Classez-moi donc athée ou au moins agnostique
Je n’ suis pas d’ ceux qui braill’ leur pif leur voix leur peau
J’ les hais c’est viscéral ça vient du fond d’ ma viande
Moi j’ repère un rabbin à la barbe au chapeau
Et je n’ vois d’ viscéraux que dans vot’ propagande
J’ suis pas fils de Darquier ou descendant d’ Drumont
Maman n’ prenait pas l’ thé avec Monsieur Céline
Aux sourc’ de ma colère il n’y a gèn’ ni sermon
Et qu’on feign’ de l’ penser ça m’ fouett’ l’adrénaline
Et s’il faut fair’ le tour d’ vos hypothès’ mesquines
Pas un d’ vous n’ m’a fauché ma femme ou mon boulot
Je n’ risque pas d’ vous voir dans mon quartier prolo
J’ n’ai nul compte à régler rien d’ perso n’ me taquine
Tant qu’ vous y êt’ rayez donc d’ vos élucubrations
Les bourreaux d’ Jésus-Christ et les complots d’ Jésuites
Vot’ peste brune ou noire elle est mangée aux mythes
La hain’ n’a qu’un microbe et c’est vot’ prestation
Vos pass’ droits vot’ violenc’ vos mensong’ vot’ jactance
La prétention d’ guider les humains d’ vot’ flambeau
Alors que vous n’ soignez qu’ vos intérêts tribaux
Et n’ fixez pas d’ limit’ à votre omnipotence
J’en ai marr’ j’en ai marr’ marr’ marr’ marr’ d’ vos salades
Repris’ en chœur par tous les bien-paissants
Pour vous n’ pas vous aimer c’est êt’ malade
Ben voyons ça va d’ soi vu qu’ vous êt’s innocents
Ça n’ mérit’rait au mieux qu’un’ tranch’ de rigolade
Mais comme on n’entend qu’ vous ça d’vient vite agaçant
Je n’ suis pas d’ ceux qui nient le génie d’ Lévi-Strauss
Mais j’ trouv’ qu’y a trop d’ Lévi nett’ment moins génies qu’ lui
D’ chapons à l’aile en plomb brillants comm’ un’ nuit d’ pluie
Qu’occup’ dans l’ catalogu’ le perchoir d’ l’albatros
Qu’ ce n’ soit ni l’ tien ni l’ mien ça s’ peut bien j’ te l’ concède
Mais n’ somm’-nous pas lésés en tant qu’ lecteurs lambdas
Dès qu’avant toute épreuve on trie les candidats
Il n’ faut pas s’étonner qu’on n’ sirot’ que d’ l’eau tiède
Un tiers des écrivains deux tiers des journalistes
Entre ceux qui dénonc’ la discrimination
Et ceux qui dis’ normal ils ont la vocation
Dit’-moi donc à voix bass’ qui au juste est l’ raciste
Et qu’on n’ me fass’ pas l’ coup du numerus clausus
J’ai l’ droit d’ savoir pourquoi un tocard sort du rang
D’ailleurs j’ m’en fous pas mal de qui s’ cach’ sous Durand
Peu import’ qui en est vu qu’ tous les aut’ les sucent
Peu import’ qui nous brait son lot d’ pensée unique
Puisqu’on l’ sait bien d’avanc’ qui s’écart’ s’ra lynché
On n’ peut mêm’ plus s’ permettre un’ distance ironique
Et sous peu mêm’ se tair’ va d’venir un péché
J’en ai marr’ j’en ai marr’ de cette oligarclique
Qui contrôl’ tout radio télé journaux
Tout’ les tribun’ et tous les tribunaux
Et qui d’ sa parano fait un enjeu public
Mêm’ le web est plein d’ flics il n’y a plus d’ zon’ nono
On étouff’ dans la chambre à gaz d’ votre ombilic
Je n’ suis pas d’ ceux qui clam’ œil pour œil dent pour dent
J’ me sens plutôt colombe et n’ rêv’ pas d’hécatombe
Mais quoiqu’ell’ n’ règlent rien j’ comprends qu’ ça tass’ des bombes
D’ subir sans droit d’ répliqu’ vos laïus impudents
Est-c’ retors ou barjo d’ faire une affair’ d’État
De deux ou trois poivrots qui saccag’t un cim’tière
Ou qu’ de pauv’ graffiti au flanc d’un’ pissotière
Dès qu’ vous êt’ mis en caus’ devienn’t un attentat
Qu’il ne s’ trouv’ pas un’ voix pour gromm’ler où va-t-on
Quand vous palpez les biens d’ vos coreligionnaires
Et qu’ le pognon des morts engraiss’ des millionnaires
Après tout pourquoi pas des biens basqu’ ou bretons
Qu’ vous ayez l’effront’rie d’ nous parler d’affront’ments
Quand on tire au canon sur des goss’ armés d’ pierres
Et qu’ les scor’ sont du genr’ un pans’ment cont’ cent bières
Qu’ les tueurs nous assourdiss’ de pleurs et d’ geignements
Qu’avec vos troup’ d’élit’ financées par Wall Street
Et tous les arsenaux qu’ vous avez amassés
Vous nous r’ssassiez toujours qu’ c’est vous qu’êt’ menacés
J’en connais peu qui l’ gob’ et beaucoup qu’ ça irrite
J’en ai marr’ j’en ai marr’ d’ ces shérifs d’ ces pontifes
Oh pas plus qu’ s’ils étaient Cors’ ou Persans
J’ veux pas baiser la babouch’ du calife
Ni qu’on dise en mon nom l’ contrair’ de c’ que j’ ressens
Moi j’ suis doux mais y en a d’ moins patients qui s’ rebiffent
Alors lâchez du lest avant qu’il n’ coul’ du sang
Pour brailler au racist’ il faudrait être un’ race
Vos caractéristiqu’ bien fol fut qui s’y fia
Vot’ culture agonise et vot’ foi n’ laiss’ pas d’ traces
Seul survit l’intérêt vous n’êt’ plus qu’un’ mafia
Un’ mafia qu’a détruit tout c’ qui jadis nous liait
Drapeau r’ligion famill’ solidarité d’ classe
Et devant vot’ télé nous v’là seuls comm’ des niais
Pendant qu’ main dans la main vous raflez tout’ les places
Sans oublier jamais d’ prôner l’égalité
Mais comm’ disait Orwell y en a d’ plus égaux qu’ d’autres
Et quand vous pérorez au nom d’ l’humanité
Vous n’ nous fourguez jamais qu’un’ seul’ caus’ c’est la vôtre
Je n’ trouv’ pas si sacré l’ droit à la différence
Dès lors qu’ vous êt’ les seuls à en tirer profit
Quand ils voient qu’ différenc’ ça doit s’ lir’ préférence
Mêm’ les pir’ des gogos finiss’ par dir’ suffit
Plein l’ cul des privilèg’ déguisés en mérites
Je n’ veux connaît’ que l’homm’ comm’ Marx et Franz Fanon
Foin d’ votre appartenanc’ comm’ de tout c’ qui s’hérite
À vot’ mond’ de monad’ je dis non non non non
J’en ai marr’ j’en ai marr’ marr’ marr’ marr’ d’ ces poncifs
J’ chant’ ça tout bas faut pas qu’ ça vous effraie
J’ suis pas naïf au point d’ faire un’ manif
N’empêch’ qu’ils sont un roc sur la voie du progrès
J’ renonce à êt’ Français pourquoi s’rais tu donc Juif
Qui sait si j’ suis pas toi au d’là d’ nos minarets