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Le blog de Narcipat

La personnalité narcissique, XI

8 Octobre 2010 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Voix Autorisées (cum commento) : Otto Kernberg

[Remettons à plus tard ce foutu surmoi et son intégration, Kernberg me donnera sans doute dix occasions d’y revenir. En espérant que j’aie un peu avancé à ce moment-là.]

 

6. PRÉSENCE DE CIRCONSTANCES DANS LA VIE PERMETTANT D’INHABITUELLES SATISFACTIONS NARCISSIQUES

 

     Dans la vie du patient, les circonstances qui lui permettent de mettre en actes ses besoins de pouvoir, d’admiration, de grandeur sociale, représentent un élément de pronostic médiocre. Un patient narcissique qui recherche le pouvoir peut dans la vie sociale et professionnelle être déjà parvenu à une position telle que cela puisse lui sembler tout à fait “normal” et il est par conséquent difficile d’analyser cette forme d’“acting out chronique”. De la même manière qu’un candidat à une formation analytique peut se servir de son analyse comme d’un élément de promotion professionnelle, un patient peut utiliser une possibilité pré-existante pour satisfaire ses besoins narcissiques pathologiques en dehors de la relation analytique, et de cette manière, compenser la frustration subie en analyse, ce qui aboutit à une impasse thérapeutique.

[Je comprends cela : le succès dans la vie paraissant justifier la “grandiosité”, elle n’est plus une maladie à soigner. Pas étonnant que je me prisse pour un dieu : je l’étais! Mais ce que je ne saisis pas (voir plus haut), c’est que selon K., une réussite en matière de création n’ait pas le même effet. En fait il ne l’entendait, dirait-on, que comme impliquant un intérêt véritable pour l’objet.]

 

7. CONTRÔLE PULSIONNEL ET TOLÉRANCE À L’ANGOISSE

 

     Souvent les patients narcissiques ont un assez bon contrôle pulsionnel, sauf dans les domaines qui représentent une formation de compromis permettant la satisfaction des besoins narcissiques pathologiques. Par exemple, un patient présentait un très bon contrôle pulsionnel, sauf lors d’épisodes d’homosexualité où il cueillait un partenaire occasionnel de manière impulsive, ce qui mettait en danger sa position sociale, et risquait de provoquer des démêlés avec la justice. Ce patient se servait de l’expérience homosexuelle pour échapper à la rage que provoquait toute frustration causée par sa petite amie. Si elle ébauchait une critique, il la quittait, prenait sa voiture, ramassait un homme dans un lieu public, accomplissait une fellatio avec lui, puis le laissait tomber avec un sentiment de dégoût et rentrait chez lui soulagé. Il s’avéra progressivement que, au cours de la relation homosexuelle, il avait le fantasme que l’homme qui suçait son pénis avait terriblement besoin de lui, et que lui, le patient, était en possession de tout l’amour possible que cette relation nécessitait. Il pouvait donner cet amour à l’autre homme, se prouvant ainsi qu’il était riche. Par la suite, après avoir abandonné brutalement son partenaire et l’avoir dévalorisé, il s’identifiait à la mère hostile et dévalorisante qu’il avait enviée et haïe, et à la petite amie qui représentait sa mère. Par cette conduite, il prenait aussi sa revanche contre sa petite amie-mère et se réassurait qu’il n’avait pas besoin d’elle sur le plan sexuel. Dans cet exemple, ce qui apparemment paraissait [sic] être un manque de contrôle pulsionnel était une organisation défensive spécifique qu’on peut comprendre et résoudre de manière analytique. Le pronostic est meilleur chez ces patients que chez ceux où le contrôle pulsionnel est médiocre ou inexistant, qui se perdent dans l’acting-out, tel que [sic] ces personnalités qu’on appelle “chaotiques” ou ceux qui associent certaines formes de déviation sexuelle avec une personnalité impulsive, un alcoolisme, une toxicomanie, etc… Le pronostic est également réservé chez ces patients où l’angoisse provoque aussitôt des acting-out ou une exacerbation des autres symptômes : c’est-à-dire ceux dont la tolérance à l’angoisse est très faible.

[Le premier problème gît pour moi dans l’existence même des pulsions, ou dans leur nature, quand on n’est pas sujet. Elles me semblent artificielles, et entièrement greffées sur le besoin d’être et de distinction. Alors que le postulat kernbergien, si j’ai bien compris, c’est qu’on les occulte parce qu’elles sont trop fortes, et nous détruiraient si on leur donnait droit de cité.]

 

8. RÉGRESSION À DES PROCESSUS PRIMAIRES DE PENSÉE

 

     J’ai déjà dit que lorsque sont associées des caractéristiques limites manifestes et une structure narcissique, le traitement psychanalytique est habituellement contre indiqué. Certains patients narcissiques peuvent avoir une symptomatologie pauvre, un bon contrôle pulsionnel, et même une tolérance à l’angoisse assez bonne, et cependant, les processus primaires sont, de façon étonnante, proches de la surface. Par exemple, un patient avait un fonctionnement tout à fait satisfaisant dans sa vie, mais en quelques années il avait développé l’agréable fantasme qu’en lui existait quelque analogie avec le Christ : il se plaisait à méditer sur les caractéristiques qu’il partageait avec le Christ. Il évaluait correctement l’irréalité de ses fantasmes, mais ils lui étaient en même temps très agréables. Au début du traitement, ses fantasmes l’envahirent au point qu’il se demandait si après tout il n’était pas le Christ; il régressa alors dans une réaction schizophrénique qui n’aurait probablement pas eu cette gravité si on ne lui avait pas proposé une psychothérapie interprétante.

 

     Un autre point concerne le potentiel régressif du patient; lorsque les symptômes d’une structure limite sont manifestes, en particulier le manque de contrôle pulsionnel, l’incapacité à tolérer l’angoisse, et la tendance aux processus primaires, la psychanalyse est contre-indiquée, même s’il existe un sentiment de culpabilité ou un potentiel à ressentir la dépression, parce que dans ces cas la dépression qui se développe pendant le traitement peut aboutir à une dépression psychotique et à des tentatives graves de suicide. Toute personnalité narcissique, si son traitement réussit, aura des périodes de dépression sévère avec des fantasmes suicidaires, [On se demande même si ce ne serait pas le seul “profit” du traitement!] et si la force du moi n’est pas suffisante pour les tolérer, sa vie sera en danger grave. Lorsque le moi est faible, c’est l’indication d’une psychothérapie de soutien. [Mais c’est quoi, un “moi faible”, indépendamment des défenses narcissiques, c’est-à-dire de sa résistance à l’analyse??] Parmi les patients étudiés dans le projet de recherche en psychothérapie de la Fondation Menninger, on a pu traiter avec succès ceux qui avaient une structure narcissique grave associée à un fonctionnement limite manifeste par une thérapie de soutien uniquement.

 

9. MOTIVATIONS AU TRAITEMENT

 

     Ce n’est qu’après un certain temps d’analyse que l’élément essentiel de la motivation de ces patients apparaît. Les motivations qu’on reconnaît habituellement pour un traitement, tel que [sic] le désir de se débarrasser de ses symptômes, peuvent s’avérer tout à fait fallacieuses chez les patients narcissiques. Ils peuvent en réalité vouloir devenir “parfaits” et commencent leur analyse avec un tel espoir. Il est souvent difficile de répondre dès le début du traitement à la question de savoir si la “perfection” signifie pour eux la possibilité de se libérer de leurs symptômes afin d’être supérieurs à tous les autres, ou si on pourra changer ce désir contre celui de les débarrasser de leur vie affective étriquée. Dans tous les cas, plus la personne désire surmonter ses sentiments de vide, ses difficultés dans les possibilités d’empathie avec autrui et sa froideur intérieure, meilleur est le pronostic.

[Soit. Mais les formules ne sont pas neutres. « Se débarrasser d’une vie affective étriquée », n’est-ce pas donner à ma vie affective une étoffe fallacieuse? Cette froideur, cette pauvreté, ne sont-elles pas ma vérité, et celle de bien d’autres? Et même si elles ne sont que protectrices, est-il bien judicieux de mettre bas les armes, quand on n’a guère que des tartes à escompter? Par ailleurs, je suis très surpris de ne pas voir mentionnée la première motivation des patients narcissiques : celle de se procurer un spectateur intelligent, donc apte à les comprendre, à les distinguer, à leur donner l’admiration dont ils ont un besoin éperdu. Si K. n’a pas repéré cela, c’est qu’il est, dans une certaine mesure, leur dupe.]

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