Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

Âmes-sœurs, suite

23 Juin 2010 , Rédigé par l Publié dans #Anecdotiquotidien

      En suis-je là avec “Oups”, alias “Zigatine” (grosso modo “pleurnicheries” en italien, si je ne m’abuse)? Assurément il est peu crédible qu’une femme de 28 ans, dès la seconde bafouille, s’offre quasiment à un bonhomme qui a l’âge de son père, et cette erreur de tir sonne très kapokien. Mais un corps jeune, après tout, n’est pas l’Everest, et l’on peut admettre qu’une narcipat, dans son désir de séduire, et d’ailleurs protégée par l’anonymat, dose mal les avances : notre boussole est détraquée, nos instruments ne sont pas fiables, entre le trop et le pas assez nous visons mal, parce que nous ne sommes pas sujets, faute peut-être de nous être assimilés à un autre et de l’avoir installé en nous comme instance de jugement. Certes, on ne voit pas d’où cette petite saurait que je n’ai pas la télé, puisqu’elle n’a pas lu (merci Overblog) les articles où j’en touche mot. Certes, tout ce que m’écrit Zigatine, Kapok aurait pu l’écrire. Et c’est d’ailleurs bien drôle : ce qui, signé de la première, me paraîtrait ambroisie, devient brouet noir sous la plume de l’autre. Tu t’imagines, ô Kapok, que c’est passque t’es moche, mais non : c’est surtout que la rencontre, l’affinité, le “moi z’aussi” sont porteurs d’espoir, quand ils jettent leur passerelle d’une autre galaxie, mais une triste scie après 25 ans de répèt’ sans un pas en avant. Il y a un quart de siècle, tu étais aussi gironde qu’à présent, ou peu s’en faut, mais le peu que tu comprenais semblait susceptible de s’étoffer, avec un minimum d’écoute : au bout du chemin, peut-être parlerions-nous de la même chose? Je n’ai cessé de déchanter : tu es indécrottable, tu ne comprends rien, n’écoutes rien, juges péremptoirement de tout, et ne t’intéresses qu’à toi, j’entends non pas à te connaître, mais à te donner en spectacle. Mais revenons : tout le Z pourrait être du K, mais bon sang, ce n’est pas là une preuve que c’en soit! Et du reste, même pas tout à fait vrai, car une K qui entreprend des recherches sur le narcissisme pathologique, et donc qui s’en soupçonne, ce serait une K changée, donc une autre que celle que j’ai bannie de mes États. Or la fonction “stats” d’Overblog permettrait de repérer une quête-Gogol ciblée sur ma pomme (une citation, un titre d’œuvre…) : pas trace. Sur quelques centaines de lecteurs, quelle est la proba qu’une Kapok passe par là et, flemmarde et inculte comme elle l’est, s’y attarde assez pour m’identifier? Ma foi, bien faible, et encore une fois, ce ne serait pas la même : de se poser quelques questions la rendrait fréquentable; en foi de quoi je lui ai enjoint en privé de jeter le masque, mais elle n’a pas obtempéré, et je ne pouvais exclure que Zigatine fût un humain à part entière, menteur peut-être mais autonome, ou alors une autre ex, une voisine, un voisin? Mais est-il vraisemblable que deux personnes au monde s’intéressent assez à moi pour me mener en bateau? C’est bien assez d’une, et qui a fait ses preuves, et pas qu’une fois, puisqu’elle a multiplié les tentatives sur un bleurgh antérieur, et s’est fait pincer à tout coup. Mais elle y avait accès facile, ce qui n’est plus le cas : n’est-il pas encore plus fou de diagnostiquer l’imposture, qui suppose une coïncidence funambulesque, que d’accepter l’âme-sœur telle qu’elle se présente, ou se présentait, avant que ma suspicion ne la mît en fuite? En résumé, j’ai des motifs de méfiance, mais je me demande si le plus fort de tous n’est pas de voir arriver celle-là même que j’appelais de mes vœux en commençant, le 31 août dernier, l’oiseau rare pour qui ce narcinid était expressément tressé. Une femme qui se reconnaît dans le catalogue de symptômes que j’esquisse, et à qui je pourrais être utile, en vue d’un « Merci papa! » sans papouilles. Bref, de voir une fois de plus s’incarner mon fantasme, même s’il est, lui (et cela mériterait d’être examiné de près) désincarné.

     Ai-je progressé en sagesse, ou en enfermement dans la folie? Alors que je jouissais du commerce de Flore sans y croire pleinement, l’idée d’échanger un Bottin avec un être qui n’existe pas ne m’inspire plus qu’ennui. Il faut croire que tout de même, malgré ma batterie de faux-semblants, j’espère pour de bon faire des progrès en narcipathologie, en tout cas je ne puis admettre de réviser mes positions théoriques sur la base d’un personnage de fiction. Si Zigatine est authentique, alors oui, tout à fait volontaire pour étudier si le syndrome peut se passer de rejet parental, de surcompensation, d’usurpation franginesque, etc, et s’il est des narcipats qu’on a simplement trop chouchoutés. Mais pas question qu’un fantoche forgé par une Kapok vienne foutre le souk dans ma théorisation balbutiante, pis quoi encore? D’autre part, il se peut que j’aie fait des pas sincères vers la résignation physique, et que Flore, il y a cinq ans, m’ait surtout fait bander. Et puis aussi que la perspective d’une resucée ne m’amuse pas du tout. Mais ce qui me terrasse, c’est cette conviction d’avoir déjà assez d’éléments en mains pour savoir à quoi m’en tenir, si j’étais un mec normal, piété dans le réel; cette conviction que n’importe qui, à ma place, saurait jauger le possible, mais que je vis dans un rêve depuis toujours… Ce fantasme de transparence ne serait-il pas le plus beau fleuron du rêve? En vérité, personne ne sait jamais; et ceux qui croient savoir, comme Kapok, sont des esprits bornés, qui enferment le possible dans leur petit bagage. « Oh! regardez! Un bœuf qui vole! » s’exclame un moinillon. Le seul qui bouge, c’est Thomas d’Aquin, une des cervelles les plus puissantes de tous les temps : il a raison! N’y eût-il qu’une chance sur des millions, il faut voir si un bœuf peut voler, au lieu de s’en fermer l’éventualité a priori. Qu’est-ce qu’on risque? De se faire berlurer et moquer? Aucune importance.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article