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Le blog de Narcipat

Premier épisode de rétention aiguë

10 Avril 2018 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Prostate & Cie

    Trois ans, dont deux et demi d’Avodart… La question se pose tout de même du temps qu’aurait mis à venir la rétention totale si je m’étais contenté de gober des gélules de racine d’ortie, de palmier nain de Floride, ou rien du tout. Cette panne du 4 décembre 2015, vers trois ou quatre heures du matin, peut s’expliquer par un oubli, voire deux ou trois consécutifs, de ma dose quotidienne : en ce temps-là, je n’y regardais pas de si près. La température, à vue de nez, ne tient pas : j’ai sous les yeux les minima du mois dans Maville, 0°4 le 2, 4°9 le 3, 6°6 le 4 : le “coup de froid”, si l’on ose l’appeler ainsi, date de la veille! Mais minute! Épisode n°2, 1er mars 2018 : 0°2; mais le 27 février : – 6°4, et le 28 : – 4°2, après un – 3°2 le 26, et un + 3°3 le 25. Je ne prétends pas faire de la science en généralisant à partir d’un cas particulier, mais on verra plus loin que “Winter” serait le premier cité des “4 W” causaux des urologues américains : si c’était suite à la chute de température de la veille que la prostate vous bouchait l’urètre, ça donnerait l’opportunité au randonneur de gagner un village, au navigateur un port, bref vous avez compris le film! Sous ma plume, cet “effet-retard” est discutable, dans la mesure où je chauffe peu ou pas mon castel, et où l’effet du froid extérieur peut ne s’y faire sentir que le lendemain. Donc, à vous à présent de faire votre devoir citoyen, ou plutôt simplement humain, en vérifiant sur un site de climatologie si l’hypothèse colle dans votre cas, et en confirmant ou infirmant cette théorie inopinée qui vient rompre le fil de mon blabla mémoriel.

    Je dois dire que si je m’étais borné à cette expérience de l’urgence médicale, je l’aurais serrée au tabernacle : je n’avais rencontré que gentillesse et efficience, depuis les duettistes du SAMU jusqu’à la sortie de l'hosto; mais il s’agit d’une urgence authentique et classée, même si, n’ayant quasi-rien bu, j’usurpais un peu l’étiquette, ce qui explique probablement le temps qu’on mit à me soulager : une vessie surgonflée n’aurait pas été collée si longtemps au placard, mais tant qu'elle reste souple, on peut toujours supposer que l’urine a une chance de retrouver toute seule sa voie naturelle. À part ça, toutefois, si je tenais à pinailler, je leur reprocherais une ordonnance absurde (avec des “filets”, sans mentionner l’ombre d’un collecteur) et surtout l’absence complète de briefing : il ne sont pas là pour ça, j’entends bien, et n’avaient d’ailleurs, internes, étudiantes, infirmières, aucune notion fine de ce qu’il aurait fallu m’enseigner, que je n’étais d’ailleurs pas nécessairement prêt à entendre; au reste, avais-je vraiment besoin qu’on me signalât qu’il n’était pas spécialement futé de marcher sur un tuyau qui semble conçu pour un géant? Non; mais quand des douleurs survinrent, et pas négligeables, si l’on me les avait annoncées, si seulement j’en avais trouvé mention quelque part, je ne me serais pas imaginé les avoir causées en tirant sur la sonde, ne serais pas revenu deux jours plus tard, cette fois à l’heure de pointe et hors-cas répertoriés, n’aurais pas fait antichambre une huitaine d’heures, maquillée en six, n’y aurais pas attrapé une gastro-entérite, n’aurais pas été “soigné” à l’Arestal, partant incapable de restituer l’eau absorbée en uro, lors de la visite post-désondage, ni sommé de produire un ECBU propre, donc soumis trois semaines à une cure de Bactrim qui m’a détruit une flore intestinale dont j’ignorais jusqu’à l’existence, et m’a probablement avarié le bidon jusqu’à la fin de mes jours : en tout cas, voilà deux ans et demi que ça dure, et le maigre service que je puis rendre à ceux qui n’en sont encore qu’à la rétention chronique, c’est de les prévenir que :

– l’habitude de pisser en contractant le muscle vésical ne se perd évidemment pas du fait seul qu’il n’en est pas besoin pour vider la vessie; ici l’imagination prend le pouvoir, car il suffit d’y penser un peu, puis davantage, puis un peu trop, pour causer des contractions à vide ou peu s’en faut, passablement douloureuses, et qu’un sondé hypocondriaque attribuera aisément à une anomalie comme le déplacement du ballonnet de la sonde, d’autant plus qu’il pissera de sang, ce qui est normal en quantités raisonnables et décroissantes (à condition de boire un ou deux litres d’eau par jour, dont on est au moins sûr qu’elle sortira!) Donc ne vous alarmez pas pour de simples douleurs : décontractez-vous, et laissez couler sans penser à pisser. Si les spasmes persistent et deviennent intolérables, faites-vous prescrire un antispasmodique urinaire comme l'oxybutynine.

– les “soins de sonde” prescrits  à Maville (et je doute qu’il en aille autrement ailleurs) n’intéressent pas financièrement les infirmiers libéraux, partant risquent de vous ruiner en téléphone si votre forfait n’inclut pas les portables : vous risquez de n’avoir affaire qu’à des gens prétendument surbookés. En fait, ces “soins” consistent en un nettoyage du méat au Dakin ou à la Bétadine, et en un désondage qu’on peut aisément pratiquer soi-même avec une seringue neuve ou du moins récente, vu qu’il convient de la laisser de remplir de l’eau qui est sous pression dans la sonde, et que la vieille seringue avec laquelle vous rechargez vos cartouches d’encre ou injectez de la gnôle dans une saucisse avant de la poser sur le gril n’aura pas la souplesse nécessaire. Pour le reste, voir ici à 1’50”. Et si vous vous esquintez, faites donc un procès à la société. Un désondage prend une minute à une infirmière en urologie. Seulement, après, elle risque d’avoir dans les jambes tous les patients qui vont se remplir de flotte pour passer les tests de débitmétrie et d’échographie avant la consultation : elle préfère donc qu’on boive chez soi, ce qui signifie quinze coups de fil inutiles, des heures perdues, mais, pour le service, ceteris paribus, une sorte de progrès en compétitivité, puisque ce n’est pas lui qui les perd, mais l'usager.

– si j’en juge par ma deuxième expérience, il n’est pas indispensable, en tout cas pas urgent, de se purifier l’urine : la sonde l’a nécessairement infectée, mais on ne recourt normalement aux antibiotiques que si des symptômes comme la fièvre y contraignent : tout cela n’est pas de moi, je tiens à le préciser, je l’ai appris tout récemment, et il se peut que cette science change dans les jours, les  mois ou les ans qui viennent. Si néanmoins vous devez vous soumettre à une cure d’antibiotiques de deux ou trois semaines pour des staphylos dorés qui s’attarderaient dans votre vessie, et risqueraient de remonter le courant, méfiez-vous : sachant et sentant bien que la merde et la pisse se partagent le même espace (qui n’a jamais libéré les flots rien qu’en coulant un bronze?), vous aurez tendance à réduire le remplissage de l’intestin pour éviter des pressions sur la prostate, et à manger moins :  très bien, sauf sous antibiotiques, car vous risquez alors de vous démolir carrément les tripes, et pour longtemps : moi, en tout cas, je ne m’en suis pas remis, en ressens la douleur (modérée au sortir du sommeil, pénible au bout de quelques heures) en ce moment même, et ne saurais trop recommander, lors d’une cure de Bactrim ou autre saloperie de ce carat, de reconstituer à mesure la flore intestinale via probiotiques comme saccharomyces boulardii (ce n’est ni donné en pharmacie ni remboursé, mais ne pas faire le radin : les sacboules (+ MOS) emplettés au rabais sur Internet sont sans effet) et de manger d’importance en ingérant les médocs : à tout prendre, mieux vaut se façonner un durillon de comptoir que devenir diarrhéique à vie.

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