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Le blog de Narcipat

La solution d’un faux problème est à notre portée

29 Juillet 2018 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X & Y : La Dette pour les Nuls

 

En conclusion

 

    Trop simple! Si c’était réalisable ça aurait déjà été fait. Ne croyez pas cela, ce n’est pas la mise en route d’un projet de ce genre qui est difficile, c’est son concept même qui est aujourd’hui refusé par le cerveau humain, en particulier chez ceux qui tirent un avantage personnel du système élitiste en place. Car nous ne sommes là qu’en train de réinventer le fil à couper le beurre. Jusqu’en 73, nous l’avons dit, nos États pouvaient créer leur monnaie et si nous avions conservé cette faculté, la question de la dette ne se poserait pas et nous ne serions pas en train de nous casser la tête à tâcher de résoudre un faux problème. Nous ne sommes pas dans l’énoncé d’une utopie fumeuse! Nous sommes en train d’imaginer comment retrouver une réalité qui était la nôtre il y a peu de temps encore.

    Maintenant, une question se pose : une monnaie complémentaire comme celle que nous présentons ici serait-elle encore nécessaire si le pouvoir de création monétaire était rendu au public comme nous ne cessons de le demander? Une réponse entière dans un sens ou dans un autre serait sans doute prématurée car ce n’est que dans le vécu de l’évolution des choses que la pertinence de l’une ou de l’autre se dessinera. Avoir deux monnaies, complétées encore par des monnaies complémentaires locales, peut-il être une finalité en soi?

    Une chose est acquise en ce qui nous concerne : au-delà de la monnaie, de sa création et de sa gouvernance, se pose la question du virage à prendre vers une économie respectueuse de l’homme et de la planète. La logique marchande asservie au seul profit financier ne peut répondre adéquatement à ce défi. Il nous semble donc intéressant de considérer que l’économie, hier assise sur la production, revêt de nos jours plusieurs aspects : le marchand, le social et l’écologique. Jusqu’à présent le social (ne parlons pas de l’écologique qui n’a pas encore vraiment conquis sa place ni dans le monde de l’entreprise, ni dans la pensée économique à moins d’être la promesse d’un nouveau marché) se nourrissait de la seule redistribution d’une partie des revenus marchands. Tout allait bien tant que la croissance était forte dans un contexte de plein emploi, mais ne devient-il pas temps d’admettre que cette époque est révolue?

    C’est du qualitatif (ce que nous avons appelé ici “sociétal”) plus que du quantitatif que dépend notre avenir. C’est une exigence si nous voulons que tous les êtres humains puissent vivre dans une suffisance digne sur une terre pérenne. Alors, pourquoi ne pas imaginer une économie qui s’appuierait sur deux jambes?

    •    Une marchande, répondant à l’offre et à la demande, et reposant sur le profit financier. Les échanges se feraient en devises (euros, yens, dollars, etc…) créés par les banques centrales nationales par monétisation d’actifs; en bref ce qui existe aujourd’hui mais dans le cadre d’une finance mise au pas et d’une création monétaire rendue au public dans un processus démocratique.

    •    Une sociétale (sociale et écologique) selon ce qui a été décrit ici, dans une finalité de bénéfice sociétal, et dont l’activité serait financée par une monnaie sociétale complémentaire.

    L’intérêt majeur d’une double monnaie dans un double espace est que la monnaie sociétale ne peut être convertie en devise nationale ou internationale. [Ce peut être “l’intérêt majeur”, mais, moi qui ne suis économiste ni de près ni de loin, c’est ce qui me gêne le plus. Cette monnaie imposée me paraît appelée irrésistiblement à une dévaluation sournoise, du style de celle que j’ai constatée dans tous les pays protectionnistes où j’ai traîné mes guêtres : que ce soit en Roumanie, en Algérie ou à Madagascar, la monnaie locale avait un cours officiel, mais si l’on payait en dollars, ou même en francs, les prix se dégonflaient illico des trois quarts. Or la France (à moins que la bagnole électrique ne devienne opérationnelle,  qu’on ne continue de miser sur l’atome, et beaucoup d'etc) ne peut pas être autarcique.] De facto l’économie sociétale ne pourrait avoir accès qu’à la production nationale (sauf exception dans le cas où les biens essentiels ne pourraient être produits dans le pays). Cela entraînerait une relocalisation naturelle de l’économie. Évidemment une telle perspective n’est certainement pas du goût des libéraux qui ne voient que par la globalisation des échanges. Mais le citoyen ordinaire, lui, voit bien que la mondialisation s’est le plus souvent traduite par des nuisances et perte de qualité de vie (sauf exception rare) qu’il s’agisse de ses conditions de travail (s’il en a encore un), de son revenu ou de son environnement. [Pour ce qui est de l’environnement, faudrait pas pousser pépé dans les orties. Une France sans industries, ne vivant que de tourisme, d’accueil des mourants, etc, offusque les nostalgiques de la grande puissance, mais il serait certainement plus agréable d’y vivre qu’à l’époque où les hauts-fourneaux polluaient des départements entiers, et où il fallait faire bien gaffe à la direction du vent, quand on avait de la lessive à sécher dans les corons. Je doute que Londres compte beaucoup de nostalgiques du smog. On ne peut pas se plaindre à la fois de la dégradation de l’environnement et que tout le boulot ait déménagé en Chine.]

 

    Imaginez donc! Sans endettement, sans impôts supplémentaires (au contraire la fiscalité diminuerait au fur et à mesure que des pans de l’économie sociale quitteraient la mamelle marchande pour entrer dans le champ du sociétal) on pourrait financer l’éducation, la santé, la recherche et les investissements pour une mutation vers une production et une consommation prenant en compte l’humanité entière et l’environnement naturel. Rendez-vous compte aussi de l’opportunité pour ceux que l’on appelle les pays pauvres : les revenus issus de leur commerce extérieur pourraient être entièrement investis dans leur secteur marchand, les rendant ainsi plus autonomes, tout en leur offrant la possibilité de développer des politiques sociales et environnementales. Là, enfin, les peuples pourraient prendre en charge leur destin au lieu de le voir dépendre des caprices des investisseurs [Ridicule : les investisseurs font certainement moins de caprices que les décideurs irresponsables des ministères et des régions.] et des ajustements structurels imposés par le FMI. Alors oui! selon nous, la généralisation de monnaies complémentaires sociétales au sein de chaque pays pourrait être une réelle clé pour un avenir plus heureux pour tous. Cela ne dépend de rien d’autre que de notre volonté. [Encore une fois, c'est possible (et je souhaiterais que ce le fût), si le rôle de l'argent se réduit à mettre en contact les besoins et les forces de travail, rôle qu'il remplit si mal dans notre société. Mais même s'il en était ainsi, on aurait tort de minimiser les facultés de réplique du patronat et des rentiers.]

 

    Ce qui nous sidère en réalité, c’est de voir combien l’homme bute sur un problème imaginaire, celui qu’il crée lui-même en rendant artificiellement rare un argent qui n’a plus aucune limite. Cette rareté n’est en fin de compte que le reflet de la “pauvreté de conscience” qui pour le moment enferme l’homme dans une logique de “sauve qui peut”, de gestes désordonnés et inappropriés qui, au lieu de le sauver, l’entraînent vers le fond.

    Comme le dit justement Robertson, « il ne sera possible de surmonter l’obstacle de l’opposition du monde puissant de la banque et de la finance et leur menace d’une déstabilisation économique que lorsque l’argumentation en faveur de la réforme monétaire sera mieux comprise par le grand public; lorsque l’opposition qu’elle soulève sera davantage perçue comme la simple défense des privilèges du secteur privé et lorsque ses opposants accepteront que le refus de cette réforme risque de leur faire perdre beaucoup plus que la subvention actuelle dont ils bénéficient. Un soutien et des campagnes seront nécessaires pour y parvenir, tant à l’échelle nationale qu’internationale. »

    [Effectivement, si “ça pète”, si les peuples élisent des dirigeants qui refusent carrément de rembourser la Dette, ça coûtera une rente facile aux nantis… Mais je crains que l’effondrement du système ne coûte, dans un premier temps du moins, encore plus cher aux prolos.]

    Que ce soit sur ce dernier projet ou que ce soit plus globalement sur des propositions faites dans ce chapitre, une chose est certaine : des solutions sont là, à portée de main. Certes l’establishment fait manifestement tout pour que les mécanismes qui nous régissent actuellement ne soient pas connus, car le pouvoir et les privilèges dont il jouit dépendent de leur maintien. À nous, les citoyens, de savoir ce que nous voulons pour nous et nos enfants et de faire abondamment circuler l’information tenue secrète pour qu’elle habite le débat public et submerge les résistances qui, n’en doutons pas, seront grandes. Mais rien, à aucune époque dans l’histoire, n’a jamais su résister à la volonté des peuples; demain nos élus voteront la reprise de la création monétaire [1], parce que nous l’aurons voulue, parce que nous aurons fait pression sur eux.

 

Et la dette ne sera plus qu’un mauvais souvenir…

 

[Rappelons que la seconde édition de ce texte date de 2011, qu’une flopée de sites diffusent des idées similaires depuis les années 90, voire avant… et que, mon Dieu, même si l’on trouvait en poche cette idée élémentaire que l’oligarchie vit des intérêts d’une monnaie créée ex nihilo, donc que la dette est nulle et non avenue, et que les 0,000001% devraient, en toute justice, rendre gorge… nous n’en serions guère plus avancés. L’explication est si simple que tout le monde pourrait la piger, mais qu’elle en devient suspecte, et plus encore cette monnaie sociétale dont les auteurs ne semblent pas saisir que la concurrence des monnaies convertibles  lui serait vite fatale : il faudrait au moins que je m’astreigne à étudier ce que les économistes mainstream ont répondu à tout cela, à supposer qu’ils en aient pris la peine. Et il faudrait qu’il se présente, sur ce programme, un candidat à la présidence capable d’expliquer aux masses la nature du (faux) problème : la conquête personnelle des 500 signatures pourrait lui servir de tremplin, au moins sur le plan pédagogique.]

 

 

[1] Renvoi, ici, à une pétition de 2007, apparemment morte de vieillesse, mais sur un site de haut intérêt, me semble-t-il. Ce qui est dit, en tout cas, dans l’article le plus récent (recension d'un livre sexagénaire), de l’Algérie avant l’agression française est absolument nouveau pour moi. Les atrocités de “notre” armée aussi, mais elles, du moins, ne m'étonnent pas du tout. Hugo en était-il informé? J'aurais au moins attendu de lui qu'il fît démarrer un peu plus haut son poème sur Saint-Arnaud.

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