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Le blog de Narcipat

Vérif et séquelles

3 Avril 2018 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Conversion?

    Je me suis donc endormi indécis mardi, et mercredi réveillé résolu… à vérifier ce “signe divin” qui sur le coup m’avait paru irréfutable, et dont je n’avais, dans l’hébétude, exploré que les implications. Chaque semaine, je compare le montant de mes comptes-et-livrets aux dépenses que j’ai notées, et, après quelques tiraillements, je parviens à donner raison à ma banque au centime près; quant à ce que j’ai claqué en espèces, je le retranche tout bonnement de ma fortune, trop flemmard, ou formellement économe de mon temps, pour “faire ma caisse”, c’est-à-dire me lever et retourner toutes mes poches en quête de cash; cette confrontation au métal (et au papier) ne s’opère qu’une fois par mois,  trimestre ou semestre, selon l’humeur, et, à moins que la différence ne soit énorme (auquel cas je me racle l’écumémoire pour y retrouver des débours oubliés), je l’inscris tranquillement à la colonne dons, vols et pertes : car bien entendu, c’est presque toujours un déficit, à moins que je n’aie retrouvé un futal omis à l’épisode précédent. Comme j’ai procédé à cette opération le dimanche 31 décembre (comment résister à une fin d’année coïncidant avec une fin de semaine?), l’apparition de deux balles excédentaires le 28 mars ne serait pas absolument probante, mais assez confirmative tout de même pour… furieusement m’enquiquiner, s’il est nécessaire de l’avouer! De sorte qu’on peut se demander si c’est Ormuzd ou Ahriman qui, à la fouille, alors que je suis censé détenir 243,23 € de liquide, m’en fait retrouver 243,33 : bonus de dix centimes qui ne dépasse pas les seize qui manquaient à la Saint Sylvestre. Pas une preuve, certes, même si du coup rapplique le souvenir, dont une note se faisait l’écho avant-hier, de qui, quand, pourquoi… de l’impression très fugitive que m’avait donnée cette pièce neuve, quand ma petite dentiste point encore classée voleuse me l’avait “rendue” sur 25. Mais que reste-t-il de mon “miracle”, à part le sentiment, qui la veille déjà m’avait paru douteux, d’avoir extrait cette pièce d’une poche que je savais vide?

    Qu’en reste-t-il? Comme de son grand frère le miracle des chiottes, quarante ans plus tôt, quarante ans que j’aurais pu consacrer à la prière ou à la charité, et que j’ai passés dans les jardins déserts du soi grandiose, il en reste l’effet qu’il m’a fait : ma réaction de panique, de désarroi, de refus. Je gémis de n’avoir plus rien à dire ni à branler, et de sentir ma cervelle mettre les voiles, je n’ai plus à donner à Dieu qu’un lambeau de vie cacochyme, et me plains du peu de valeur de cette offrande, de la quasi-nullité de ce que j’aurais à sacrifier. Mais que l’heure du sacrifice sonne, ou semble sonner, panique à bord! Dieu conserve ce statut qui est le sien depuis soixante ans, non pas exactement de bourreau, mais de pain in the butt : Sa survenue équivaut à une condamnation à l’ennui, pour le peu de temps qu’il me reste (mais ce peu est tout), et à ces efforts, essentiellement de braver le rejet, qui ne sont faciles pour personne, mais dont je suis probablement devenu incapable, à force de m’en dispenser. J’ai beau plaider que dans la solitude je n’emmerde personne, une voix opiniâtre me susurre (quelques auteurs à l’appui) que l’égoïsme, le défaut d’amour et d’“empathie”, sont encore plus mal vus là-haut que le meurtre, mieux dire constituent l’auto-condamnation par excellence : ma solitude peut être douillette et, en somme, habitée, elle est mensongère en ce sens qu’elle ne me comble pas, qu’elle est attente, et, dans mon cas, encroûtement dans une attente devenue le plus souvent indolore. C’est pourquoi ces trois rencontres du lundi, anodines pour tout autre, pèsent peut-être plus lourd dans la décision qui va suivre que la bulle de savon d’un miracle si vite relativisé… encore qu’il me soit loisible de prêter à Dieu aussi bien la facétie d’une restitution-bidon que la mansuétude de son annulation, une fois bien constaté à quel point les devoirs auxquels me confrontaient Son existence étaient trop pénibles et trop douteux pour être assumés.

    Les commandements présentent, en gros, deux volets, dont l’un, l’adoration, l’amour de Dieu, la prière, le remerciement, tout ce qui touche au prosternement devant un créateur, m’est à peu près fermé : je chois donc pile dans la définition du péché du théologien protestant que je citais en septembre 2016, bien qu’une archaïque superstition se réveille en situation d’urgence ou d’une excessive anormalité statistique : ces temps-ci, si je m’écoutais, j’entonnerais des actions de grâces matin, midi et soir, rien que pour continuer de pisser. Mais je ne peux pas penser l’imbécile “Notre Père, si tu existes” de Sertillanges, et il est inconcevable qu’autre chose que la crainte puisse me courber devant la mégalomanie mesquine de l’Yahweh du Pentateuque détaillant à Moïse au poil de chèvre près tous les sacrifices auxquels Il a droit. Créer des êtres pour chanter vos louanges! Ça me paraît à peu près aussi malin que de faire célébrer mon talent par des personnages de mes propres romans.

    Mais l’autre volet, celui des devoirs envers les créatures, m’est tout de même moins étranger : j’aime rendre service, c’est-à-dire me situer dans la frange souvent trop mince entre l’esclavage et l’indifférence, même si cette motivation est viciée par le narcissisme, ou plutôt pourrie dès le départ de n’être qu’un moyen de quêter reconnaissance ou admiration, bref, n’y revenons pas, un moyen d’advenir à l’être. Mes scribouillages, en dévoilant sur mes tréfonds des vérités ordinairement tues, se veulent utiles, et, jusqu’à ces derniers temps, ne craignaient pas, via le talent ou le travail, d’y joindre (en fantasme) l’agréable. Après tout, comme me l’écrivait naguère Julie, « does it matter why you were doing your show? You did definitely leave an impact. » Mais j’ai peur que ça n’importe pas si peu, et que la fin, même secrète, n’adultère en douce les moyens. En tout cas, il y a des chances que prendre pour thème le narcissisme pathologique ne soit pas la meilleure formule pour obtenir réciprocité ou congratulations de ceux-là mêmes qu’on aurait aidés à mieux se voir : si un forum devait s’ouvrir en annexe à ce blog, depuis 2009, ça se saurait : en fait, tous les dialogues tant soit peu intéressants se sont déroulés au cours de la première année. Comme en outre j’en ai un peu marre de mon thème, qu'il me semble avoir pressé jusqu'à l'ultime goutte, pourquoi pas en changer? Je n’ai pas d’êtres de chair sous la main, à qui apporter de l’aide, sauf via O.N.G. ou dans les rues; mes quelques tournées “primo-arrivants” sur CanalBlog ont fait un flop complet : personne ne m’a répondu, ce qui semble confirmer que quinze ans de portables ont scié l’accueil du neuf, sauf que bien d'autres causes se disputent l'effet. Mais après tout, je ne sais qu’écrire, et le reste m’emmerde. Reste à choisir sur quoi, au confluent de mes compétences et d’une attente supposée.

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