Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

[L'interdiction d'exister]

1 Juillet 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

L’ultime “trahison” : exister

Dès que l’enfant du paranoïaque témoigne de velléités d’autonomisation et d’indépendance, notamment au début de l’âge adulte, le parent paranoïaque ne le supporte pas. S’il ne parvient plus à exercer sa toute-puissance, il peut même tenter de prolonger le contrôle en espionnant son propre fils, en faisant suivre sa fille, en somme, en mettant en œuvre un harcèlement à l’encontre de son propre enfant, quitte à payer un détective privé, et j’ai rencontré au moins trois cas de ce type, où le parent paranoïaque faisait suivre son enfant, devenu adulte, par un détective privé! Le parent investira d’ailleurs son argent dans le détective plutôt que d’aider financièrement cet enfant qui, désormais, lui échappe totalement et dont il ne <se> sent plus la maîtrise. Ce scénario se retrouvera ensuite dans le couple pathologique avec un paranoïaque, lequel n’hésite pas non plus à faire appel  aux services de détectives privés, de logiciels espions, etc., pour assouvir sa soif de contrôle sur le conjoint suspect d’infidélités.

    Si décidément le sujet paranoïaque a, malgré tous ses efforts pour rétablir l’emprise, l’impression que son enfant lui échappe désormais totalement, alors il le bannira et, fait très important, il niera la filiation réelle et symbolique en orchestrant la spoliation d’héritage.

 

Les enfants persécuteurs

C’est le cas d’une patiente paranoïaque qui explique que, puisque ses enfants ne veulent plus la voir, alors elle les déshérite : « J’ai déshérité mes enfants. Après tout, c’est normal, ils ne veulent plus me voir ».

Les enfants ici sont devenus des objets persécuteurs car ils ont espacé le lien (lien pathologique qui devait être devenu invivable puisque la personne a des querelles avec le monde entier en permanence), ils sont donc punis, non pas d’être désobéissants, mais de ne pas maintenir le lien fusionnel, car dans le réel, ses enfants la visitent encore, mais ce que cette dame retient, c’est qu’ils ne veulent plus être dans la symbiose avec elle contre le père également vécu comme persécuteur, et dont elle est divorcée. Dans la mesure où, et je l’ai déjà expliqué [sans grand succès], la paranoïa n’a pas accès à l’ordre des générations, et se vit comme auto-engendrée, il n’y a pas de conscience que l’héritage doit devenir pour partie à ses enfants, puisqu’il s’agit non pas de son héritage dont elle disposerait comme elle voudrait, mais d’un héritage familial, dans la série des générations qui doivent transmettre aux descendants tout ou partie de ce qu’ils ont construit (que l’enfant plaise ou non dans la trajectoire qu’il a prise pour sa vie), ce qui symboliquement est fondamental. [C’est le choix d’un système socio-économique qui n’a rien de symbolique ici. La position de l’auteure pourrait sembler proche de celle que je prenais moi-même dans ce coin; mais, nuance de taille, je n’approuve absolument pas que l’on hérite du tout, et quand je ronchonne que ce serait bien le moins qu’on ne répartît pas “à la cote d’amour” des biens qu’on n’aurait jamais reçus selon la même loi, il va de soi pour moi qu’ils sont de toute façon mal acquis puisque seule la propriété des biens spirituels et celle, éphémère, des biens “de consommation”, c’est-à-dire de ceux que la consommation rend inconsommables (combustible brûlé, caviar changé en merde, etc) me paraît justifiée. Ce qui ne m’empêche pas d’entrer en ébullition quand darde la tête un vipérin projet de taxation de l’épargne. Suis-je de bonne foi?? Je suis très attaché à mes petites affaires, cherche des heures un bouquin “qu’on a dû me voler”, et il ne coûte pas cher de prôner une société communiste quand on sait qu’on a peu de chances d’y vivre. Il est pourtant indéniable que la propriété individuelle épuise inutilement les ressources non-renouvelables de la planète.] De plus, les sujets paranoïaques sont très forts pour contourner le loi et déshériter dans le réel leurs enfants.

 

    Les enfants d’un parent paranoïaque sont en proie à des angoisses de type psychotique sans l’être : angoisse de morcellement, angoisse de mourir, etc. Il arrive qu’ils fassent des cauchemars mettant en scène le parent lui-même. Ces cauchemars peuvent intervenir dans l’enfance, sans que le parent ne soit lui-même directement et nécessairement représenté sauf sous la forme symbolique ou, plus tard, à l’âge adulte. [Quoi de plus commun? Et n’est-il pas un peu tordu que les cauchemars de l’un servent à attester le trouble psychique de l’autre, surtout quand on fait sien l’affreux inconscient kleinien, inné ou quasi? Merci quand même de me rappeler que je n’ai pas été réveillé par un cauchemar depuis la mort de mon père, qui date de presque six mois.] Par exemple, l’enfant peut faire le même cauchemar récurrent de tenir, au-dessus de son berceau, la figure, non pas d’une bonne fée, mais de Gargamel, l’affreux méchant des Schtroumpfs. Ou encore, pour reprendre des cauchemars de parents adultes, enfants d’un parent paranoïaque, ceux-ci peuvent avoir trait tant à l’intrusion qu’à la mort. Par exemple, le patient peut faire le cauchemar de rats qui parcourent tout son appartement, le jour après la visite de son père paranoïaque. Ou alors, une autre patiente peut faire le cauchemar que sa mère paranoïaque l’entraîne dans des souterrains au fond desquels se trouve son propre cercueil, et que cette même mère la laisse là après avoir refermé une porte qui ne peut plus s’ouvrir. Une autre patiente (dont le père a tout le profil d’un paranoïaque et est… psychiatre) peut évoquer des cauchemars récurrents où son père l’entraîne dans des labyrinthes souterrains pour fuir une torture qu’il suppose leur devoir leur [sic] être infligée… Un autre encore rêvera de son père (instituteur et paranoïaque) en train d’abuser sexuellement de plusieurs enfants en se présentant comme un faux docteur…

    Il est certain que la vie psychique des enfants de parent paranoïaque est marquée sous le sceau de la terreur. Pour certains enfants, ceux qui sont sous contrôle mental total, il est interdit de penser, d’imaginer, de rêver, et ces enfants deviennent des enfants adultes parfaitement aliénés dans une folie à deux au parent malade. Pour que cette aliénation se fasse, il faut que l’enfant n’ait aucune possibilité de distanciation, que ce soit par un autre adulte (un tiers) qui lui permette de prendre conscience, mais aussi [sic] par des livres, un attachement aux animaux ou toute autre voie qui l’autorise à se décoller du parent paranoïaque. [Apparemment, “ma petite fille” l’a échappée belle en passant à l’aspirateur! Cette “folie à deux” me paraît de plus en plus apparentée au rêve d’ego duel que m’inspiraient dans un premier temps mes compagnes, chez qui, tout en croyant, ou croyant croire, à un avenir de libération mutuelle, je m’efforçais ensuite de culpabiliser tout intérêt, tout plaisir qu’elles ne tenaient pas de moi, ou ne prenaient pas en ma compagnie! Le comble, c’est que, paranoïaque ou non, il n’est pas tenable de vivre avec un clone. Mais je maintiens que la quête du fusionnel n’est qu’un faux-semblant, et que ce qu’on cherche, c’est à modeler un sujet contenant qui “nous” soit redevable de notre apport, et le reconnaisse, si possible en le faisant fructifier… qui nous fasse être de recevoir l’être de nous. L’étrange, c’est que, de ces enfants devenus parents de leurs parents, la littérature foisonne…]

 

L’enfant entravé dans le délire parental

Nathalie a vécu seule avec sa mère paranoïaque durant les cinq premières années de son enfance, à l’étranger. Sans aller à l’école, restée collée à sa mère, Nathalie est devenue complètement aliénée, et contagionnée par cette folie, dont elle n’est que le bras exécutant, selon les humeurs délirantes de sa mère.

 

    Il faudrait creuser ce point, mais j’ai souvent remarqué, avec mes patients, que les enfants d’un parent paranoïaque présentent souvent, voire toujours, une phobie des serpents (vécus comme froids, sans affects, sans émotions), et/ou de tout insecte qui connote l’intrusion (araignée, mygale, rat, cafards, etc.). [Il conviendrait tout de même de se demander un peu quelle proportion d’humains “normaux” chérit les serpents, les mygales, etc, faute de quoi ce genre d’observation brille par son insignifiance.] Ces anciens enfants devenus adultes ont également, pour la majorité, voire la totalité, des symptômes inflammatoires sur le plan somatique (eczémas, fièvres, migraines, cystites, urticaire, etc.), s’il ne s’agit pas de brûlures réelles. Or la brûlure [c’est-à-dire à peu près n’importe quel symptôme] représente le feu, et le feu représente, symboliquement, les armes et la guerre. [ainsi que tout ce qu’on veut bien y voir d’autre. La “fourchette” est trop ouverte pour prétendre à une signification.]

 

Brûlures

Clara a été brûlée gravement, lorsqu’elle était enfant, par son père paranoïaque. Sa mère ne se souvient plus de rien. Clara a été hospitalisée durant plusieurs semaines au service des grands brûlés. Sa mère n’est jamais venue la voir, maintenant le déni complet de cet épisode.

 

    Tamara Landau a travaillé cette dimension de la brûlure au niveau de la grossesse. La brûlure est clairement la disparition du nourrisson en cendres (l’excès de goce [sic : mot strictement inconnu de tous les dictionnaires consultés, même latins et grecs. S’il existe, ne croyez-vous pas que ce serait l’occasion ou jamais d’une petite définition?], à la veille de la fin du 6ème mois de grossesse, qui se répète dans l’imminence de l’accouchement) (Landau, T., « Le cri de l’enfant enclavé : Mère, ne vois-tu pas que je brûle? », Actes du colloque “La voix sur les braises”, éditions Solilang.) En somme, psychiquement, brûler le nourrisson répond à une pulsion de mort, tandis que le congeler répond à une pulsion de conservation (point majeur pour qui travaille sur les infanticides [sûrement… si c’était vrai, ou seulement vérifiable. À part ça, l’emploi de pulsion de mort me paraît toujours surprenant.])

[Je suis resté bien passif devant l’horreur d’être enfant de parano, n’y voyant pas matière à pinailler, mais bien à me réjouir (car j’ai indubitablement des traits paranoïaques, même si la synthèse pèche) d’avoir fait moins de mal en ce monde (J’entends d’ici mon oraison funèbre ou mon plaidoyer chez Saint Pierre : « Ç’aurait pu être pire! ») que je ne l’aurais pu en passant le relais… que je l’aie moi-même reçu tel quel ou usiné à ma façon. En tout cas, à vue de nez, ni mes frères ni ma sœur, à une exception près peut-être, ne paraissent avoir produit une marmaille spécialement angoissée devant la vie, ou possédée par une outrecuidance XXL. Mais revenons à des situations que j’ai connues, même si elles appartiennent définitivement au passé.]

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article