Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

[Un “inceste primitif” très discutable]

28 Juin 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

L’inceste primitif

Le parent paranoïaque est dans la relation incestuelle à son enfant, mais l’inceste est d’un type particulier, très archaïque. Tout d’abord, même si le passage à l’acte n’est pas systématique, tout le climat familial est de type incestuel.

    C’est un inceste qui maintient l’enfant dans une place confusionnante : il lui est interdit d’accéder à une subjectivation, de grandir en tant qu’enfant, et tout à la place, le parent paranoïaque, autant qu’il occupe les places de père et mère confusionnés et tout puissants, autoengendrés, se placera aussi, de par son immaturité émotionnelle, en enfant de son propre enfant, qui lui-même vivra tout à la fois les places de parent, de conjoint et d’enfant de son parent. Face à l’un des parents paranoïaques, l’autre parent est généralement très soumis et très effacé, comme inexistant. Lorsqu’il se donnera d’ailleurs le droit d’exister, alors s’enchaînera une séparation aux conséquences souvent effroyables  pour les enfants pris au piège du psychisme du parent paranoïaque.

[Mouais… On reviendra sur cette notion d’incestuel, mise en place par un autre zozo il y a une quarantaine d’années, et qui, aux yeux d’un observateur pour une fois à peu près désintéressé, semble ne se proposer que de culpabiliser toute espèce d’affection un peu caressante entre parents et enfants. Mon ex-beau-père avait la manie, de loin en loin, de coucher sa fille (mon éphémère épouse) sur ses genoux, et, mi-câlin mi-tripoteur, de demander : « C’est à qui tout ça? C’est à qui tout ça?… », la réponse : « C’est à papa! » ne tardant guère, indéniable jeu sur l’incestuel qui remontait loin dans le temps, et n’aurait occasionné de perturbation que s’il s’était trouvé quelqu’un pour en faire un drame, comme le vétérinaire de La jument verte, quand Honoré coiffe de ses mains les seins de sa fille, pour montrer à quel point elle a bien “poussé”. La plupart de ces prétendues “confusions” ne laissent de séquelles que bénéfiques, j’en jurerais, quand elles ne sont pas observées au face-à-main par un psy coincé du cul qui les métamorphose en perversions.

    Bien sûr, moi qui n’ai pas d’enfant, je me sens tout de même visé lorsque je lis que le parano se placera « de par son immaturité émotionnelle, en enfant de son propre enfant » : quand j’aspirais à plaire aux seuls publics que j’aie jamais eus, quand je me soumettais (partiellement) à leur jugement, je sentais bien que la targe « ne reste que ce qui intéresse » ne me couvrait pas tout à fait; mais qui trouvait-on en face? Cette cohorte de jeunes et vieux cons qui endormaient leurs classes et en faisaient vertu, l’ennui étant à leurs yeux une composante de la Loi! Les « tais-toi, c’est Moi qui sais! » de ces experts d’autant plus autoritaires qu’ignares! Même rétrospectivement, et tous mes ex-élèves les ayant rejoints, je refuse de baisser pavillon face à ces substituts du père, que la psychanalyse, ou certains de ses enragés, tient à nous engoncer aussi étroitement que possible dans leur rôle traditionnel : « Un papa-copain?!! Z’avez pensé aux traumatismes?? »

    Autoengendré, et alors? Je n’hésite pas à en brandir le drapeau, face aux fils-à-Noé bien respectueux. Je ne me fais pas d’illusions sur ma liberté, mais c’est déjà quelque chose de se comprendre comme constitué dépendant, et de poursuivre à l’article de la mort l’effort de briser ses chaînes, même s’il n’est pas le bon. Il ne s’agit pas de renier ses origines, mais d’en prendre conscience pour s’en émanciper. L’effort d’adopter le point de vue du père, de la mère et de l’enfant à la fois devrait au moins présenter l’avantage (à moins qu’on ne substitue le pouvoir à la compréhension) d’ouvrir l’esprit. Mais quant au fléau que j’aurais été pour des enfants dépendants de moi, et qui n’auraient disposé d’espace qu’entre les murailles de ma pensée, je crois qu’il ne fait aucun doute. J’aurais eu réponse à tout. Sécurisant, soit, mais oppressif. Qu’est-ce que j’aurais aimé, pourtant, une fillette comme la “Baïe” de Jules Renard, dont je suis convaincu qu’il n’invente pas les “mots”, qui irriguent son Journal d’une merveilleuse fraîcheur. Mais les mots d’enfants n’ont qu’un temps si bref!]

 

Injonction paradoxale

Mathilde entre à l’école primaire. Sa mère, paranoïaque, ne peut accepter psychiquement la moindre sortie de l’enclave, la moindre séparation. Ainsi, elle donne à Mathilde une photo d’elle, « pour qu’elle la mette devant son verre à la cantine ». C’est-à-dire qu’au moment d’une éventuelle socialisation, d’une éventuelle rencontre avec d’autres camarades, la mère s’introduit en donnant l’injonction du lien archaïque et tout puissant que Mathilde doit maintenir, devant elle, en mangeant.

Ce faisant, l’on voit bien que « le miroir est dans l’assiette », l’œil est dans l’assiette, et je renvoie à mes hypothèses supra [??? pas vues, à l’exception d’élucs sur le prénatal] sur les liens à creuser entre l’existence de problématiques alimentaires d’anorexie/boulimie et la relation à un parent pervers ou paranoïaque.

[L’œil n’est dans l’assiette que dans cette histoire insolite à laquelle les commensaux ou les surveillantes auraient mis rapidement fin. Une mère qui impose à sa fille un pareil “objet transitionnel” à la cantine est à l’évidence bonne pour le cabanon – et cependant moins dangereuse que les milliers de parents paranos ou en tout cas possessifs, qui brandissent de bonnes ou de mauvaises raisons pour ne pas scolariser leurs enfants.]

 

    Avec cette relation incestueuse [en quoi donc, incestueuse? Comme s’il était plus tolérable d’enfermer de la sorte un conjoint!), l’enfant est donc interdit de sortir de l’enclave, de la matrice. Et de ce fait, il est voué à mourir. [ou à “vivre sans vie”, comme écrivait Villon. Mais j’ai comme un soupçon que ces enfants-là, un jour ou l’autre, brisent les murs de la forteresse, même si la révolte, traversée de culpabilité, n’est pas aisée, et que ce sont les œdipiens bon-teint qui, une fois assagis, nous rebattent les oreilles de « Mon père disait que »… et restent esclaves toute leur vie.

    Je saute ici une recension de L’arrache-cœur de Vian, qui ne prouve rien et n’éclaircit pas grand-chose, ainsi que des extraits de “Lettres d’un père paranoïaque à sa fille adulte”, qui selon l’auteur « illustrent la négation parfaite de la subjectivité de l’enfant », mais me paraissent bien anodines à côté de la condamnation sans appel que mon père m’a fait sonner à l’oreille à chaque revoir quasiment jusqu’à son dernier souffle.]

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article