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Le blog de Narcipat

[Mécanismes de défense, 2 : Projection et idéalisation / Persécution]

18 Avril 2017 , Rédigé par Narcipat

 

La projection et l’identification projective

La projection consiste à attribuer à autrui ses propres intentions et émotions, pour éviter d’avoir à supporter une mauvaise représentation de soi. [Il est ici entendu qu’on nie chez soi ce qu’on attribue aux autres : c’est le sens psychanalytique du mot projection. Il n’en reste pas moins licite (et c’est ce que je fais, quand j’utilise ce vocable) de ne pas inclure le déni dans la projection, laquelle peut n’en pas moins constituer une défense : non pas du style : « C’est pas moi, c’est eux! », mais « J’suis comme ça, les autres aussi! »] Dans la paranoïa, elle participe activement à la construction du délire : quelque chose est aboli au-dedans (la représentation insupportable) et revient du dehors.  [Nous en reparlerons quand on nous dira quoi, au juste, est aboli.]

    Par exemple, la personne dira : « il/elle me harcèle », alors qu’elle-même le/la harcèle dans le réel. [Toujours ce fichu réel, qui n’est autre que l’opinion de l’auteure, et pas même la doxa! Mais posons le cas d’un authentique harcèlement persécutif ou érotomane, il me semble insuffisant de l’expliquer par la projection : car le parano dénonce le harcèlement d’autrui avant de harceler lui-même, ce qu’il considère comme une riposte. Alors, pourquoi s’imagine-t-il être attaqué? Déguise-t-il ainsi son propre désir d’agression? ou bien plutôt un besoin d’être reconnu par l’autre, qui me chausserait beaucoup mieux?]

    Ainsi le Moi se sépare d’une représentation insupportable à l’extérieur, laquelle lui fait retour à travers le délire. Une représentation interne est réprimée; son contenu va parvenir au conscient sous la forme d’une projection, venant de l’extérieur, avec retournement de l’affect.

    C’est au travers de la projection que les personnes extérieures au paranoïaque se retrouvent comme des personnages constitutifs du délire. Parfois, le paranoïaque établira un lien entre des personnes qui ne se connaissent pas, pour dénoncer par là même l’existence d’un “complot” contre lui, alors que c’est bien lui qui ne cesse de comploter [avec qui??] contre ces mêmes personnes pour leur nuire. Le héros du délire est lui-même, avec un fond systématiquement mégalomane et un surinvestissement narcissique du Moi. [Le fond mégalomane, je l’admets bien volontiers. Quant à la position centrale du moi, j’aurais peut-être un peu de mal à m’en défendre, après Le deuil sans peine qui, précisément, a relancé mon interrogation sur la paranoïa; mon dada est de soutenir que je ne me crois jamais personnellement visé, mais seulement les qualités, défauts ou bonheurs qu’on me prête, ou, si je les confesse, qui m’incluent : il y a un brin de sophisme là-dedans. Mais prenez la crise la plus récente, dont j’ai touché mot, dans laquelle un escroc, ou un parano, avec cumul possible, nommé dictateur de ma tour pour assainir ses finances, nous demande plus de fric en une fois que trente truands de syndics depuis qu’elle a été construite : je ne risque rien de plus que mes 71 co-égorgés, on m’attriquera même, en tant que miséreux, une bonne part des subventions de l’ANAH… (si je n’ouvre pas ma gueule, du moins…) Une ponction de 12 ou 15000 balles ne me ruinera pas… Et cependant je tuerais ce type à l’instant si je pouvais le faire impunément, plus les chienchiens du Conseil Syndical qui lui bavent sur les chaussettes, et doivent se préparer à croquer dans l’affaire, ou du moins à des réductions substantielles. Prenez Hitler, puisque vous nous le donnerez passim pour exemple-type : en quoi s’estimait-il donc personnellement visé par les Juifs ou le Traité de Versailles?]

    L’identification projective est un mécanisme psychique par lequel le sujet se projette partiellement ou en totalité à l’intérieur du psychisme de l’autre, en tentant de se débarrasser des sentiments de pulsions ressenties comme indésirables, en cherchant à nuire, posséder et contrôler cette autre personne. [Mouais. C’est le sens kleinien de la formule, et rien ne nous oblige à le faire nôtre. Quand je parle de compréhension projective, c’est de voir dans l’autre un trop-même que je me taxe, peut-être pour contrôler le regard qu’il pose sur moi, mais certes pas pour lui nuire, même si je sais que la vision que j’ai de lui va lui déplaire.]

    Le sujet expulse sur l’objet tout le mauvais de lui-même, l’objet se voit déprécié par le sujet qui le rejette et développe une représentation idéalisée de lui-même (omnipotence).

 

• Idéalisation/persécution

Le délire du paranoïaque vise, comme tout délire, à construire une réalité plus acceptable pour le sujet délirant. Il fonctionne par idéalisation puis persécution (ce qui a été idéalisé devient généralement, ensuite, persécuteur). [Ainsi peut-être des chefs et autres représentants du père, inconsciemment idéalisés? Plutôt confrontés à un idéal fait pour être inaccessible; puis devenant, sinon persécuteurs, le Mal par excellence : ainsi d’Hélène, quand elle m’eut largué, nullement “persécutrice”, mais passant de l’âme-sœur à la Grande Salope Calculatrice en un clin d’œil. Cela dit, je ne croyais pas plus à l’un qu’à l'autre, et je pense qu’un retour m’aurait trouvé très malléable.]

    L’idéalisation est un mécanisme de défense très puissant. Il vise à construire un idéal, que personne ne peut atteindre. Cet idéal en soi devient persécuteur, car nul ne peut être à la hauteur. [Pour le moment, ça paraît simple. Et la ruse de base consiste à se reprocher à soi-même de ne pas atteindre l’idéal, coram populo, un populo encore plus coupable, puisqu’il n’est pas meilleur, et ne se reproche rien. Cela dit, il semblerait, pour le peu que je pige de la suite, que le parano, lui, s’imagine coïncider de fait avec l’idéal??]

    Renoncer à l’idéal serait renoncer au délire, et signifierait l’effondrement, la chute devant l’ennemi, la mort, la plongée dans le trou noir. Cet idéal paranoïaque est rigide et sans distinction avec l’imperfection du réel. Il faut, l’on doit, coïncider avec l’idéal. La néoréalité du délire abolit le Surmoi, et se fonde sur les exigences d’un idéal archaïque, sadique, et disqualifiant. Au lieu de se tenir par la dimension symbolique de la Loi, le paranoïaque se tiendra par l’idéal archaïque et despotique qui abrase toute existence de subjectivité : la subjectivité ne saurait exister, seul l’Idéal doit s’incarner. [Est-ce qu’en page 27 il ne s’imposerait pas de traduire ce jargon, de l’illustrer par du concret? On a l’impression que ce paragraphe s’en garde bien, et que ce qui est récité là n’est pas vraiment compris. En tout cas, moi, je n’y comprends pas grand-chose. Je ne vois notamment pas en quoi l’exigence de se connaître le mieux possible, à quoi se résume ce qui subsiste dans le conscient du désir infantile d’omnipotence, abraserait toute subjectivité. Et même le slogan du surmoi archaïque, de ne jamais se laisser battre ou défaire en public…]

 

La fascination de l’idéal

Le psychanalyste Lacan a étudié, avec le “schéma du bouquet renversé” et le plan du “stade du miroir”, cette problématique de l’idéal despotique. Dans le miroir plan, le sujet voit sa propre image, mais aussi l’image que lui renvoie le miroir concave, celle de son Moi idéal. Ce dernier est composé de tous les idéaux que la mère, suivant sa culture, indique à l’enfant. Celui-ci doit s’efforcer de satisfaire à ces idéaux pour plaire à sa mère, au risque de sacrifier son identité et l’avènement de sa subjectivité.

Cet idéal archaïque et despotique renvoie à la fascination du Moi idéal, tel qu’il peut être proposé par le leader d’une foule.

La différence entre Moi idéal et Idéal du Moi [1] peut aider à résoudre le problème de l’identification primaire comme identification au père et non à la mère. La mère désigne à l’enfant, en même temps que les idéaux dont doit se composer le Moi idéal, l’Idéal commun à lui et à son père.

Le problème surgit lorsque le père est absent comme fonction symbolique (cf. infra). L’enfant ne peut construire d’idéal du Moi et se voit condamné à ce que sa subjectivité soit engloutie dans ce Moi idéal.

[Admettons que “le père soit absent comme fonction symbolique”, bien que la responsabilité de ma pauv’mère ne soit guère crédible, et que ce Moi idéal ne soit autre que le Soi grandiose : je ne vois pas quelle trace garderait le mien (« Je suis le plus intelligent ») d’idéaux inculqués par ma mère, qui haïssait notre “intelligence”, revendiquée par la branche paternelle. Il est vrai qu’il serait tout simple que je ne fusse pas paranoïaque. Mais certaines descriptions concrètes collent, elles, un peu trop.]

 

    Ce mécanisme d’idéalisation archaïque, fondé sur le Moi idéal, parle du fait que [le flou n’est pas falsifiable] le paranoïaque est dans l’incapacité de savoir ce qui constitue sa propre position subjective (et celle d’autrui). Au fond, il est vide, et ne se maintient que par l’existence de ce Moi idéal. [Je reconnais bien ce vide, mais je maintiens que le Moi idéal s’est, face au réel, changé en Idéal du Moi, même si, clivée, l’omnipotence infantile règne encore quelque part dans ma psychè, et ressurgit sous forme de crises d’angoisse chaque fois qu’on me met le pied sur la tête, ou que je l’imagine.]

    En somme, le désir, cœur de la subjectivité, trouve son sens dans le désir de l’autre, mais pour qu’il puisse advenir, il est nécessaire de se différencier de l’autre, et d’être reconnu par lui.

    Dans la paranoïa, cette reconnaissance n’existe pas.

    Le psychisme, n’étant pas dissocié ni différencié, ne peut que s’identifier à ce Moi idéal qu’il n’attendra [sic : “atteindra”, je suppose] jamais et qui, ce faisant, ne cesse de le persécuter.

[Tout cela me paraît limpide, et, bien qu’une longue routine (et la facilité du recopillage!) rende la “persécution” assez bénigne, je me “reconnais” tout à fait. Mais “je” (le désir, auquel je joindrais le plaisir, la sensation, les sentiments, etc) est tellement tremblant, tellement douteux, tellement superficiel, que cette “reconnaissance” n’en est pas une. Cela dit, quand d’aventure se présente un être pour m’épauler, mon premier soin est d’“éprouver” cet appui…]

 

 

[1] Rappelons que l’Idéal du Moi présente un modèle d’identification, la représentation investie comme bonne et positive (le sujet crée son idéal à atteindre). Le Moi idéal se définit par un idéal de toute-puissance infantile, fondée sur le narcissique [sic] infantile (le bon est introjecté, le mauvais est projeté à l’extérieur, le sujet se vit comme son propre idéal).

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