Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

On demande raison de survivre…

13 Décembre 2010 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Bilans

     Et ce mec prétend se connaître! Risible. Ma pensée s’envole vers des cols gelés, et le grand Manie-tout nous a offert une semaine, la pénultième, au cours de laquelle, même sous nos latitudes méditerranéennes, point n’était besoin de pneus neige pour crever de froid : il suffisait d’ouvrir la fenêtre. Or mes deux béquilles venaient de se dérober sous moi, puisque j’avais quitté le CS et achevé ma copie kernbergienne. Ne sonnait-ce pas point final et première pelletée? Or qu’as-tu fait, toi que voilà, de cette opportune vague de froid, à part t’évertuer à un bilan inutile, et attendre les lettres d’une correspondante à la charité capricieuse et parcimonieuse? Eh bien, des démarches pour me réinscrire à la MGEN, au terme d’une balade sur le ouaibe qui la cloue au pilori comme la pire mutuelle de France. En voilà un costaud, de clivage : d’un côté, je me prétends (et pas seulement pour me faire plaindre, mais aussi dans l’intimité) décidé à claboter dans les plus brefs délais, surtout si les résultats du Test sont positifs; et simultanément je prends “à tout hasard” mes dispositions pour me pelotonner dans la longévité, en m’affiliant à la sécu, et en épongeant de mon mieux le ticket modérateur! Mais sans trop me fouler quand même, et arguant de ce que c’est déjà bien beau, manche comme je suis, de ne pas me faire plus baiser que les autres! Nul ne peut présumer de son comportement dans un avion en piqué, mais il me semble, dès lors qu’il n’y aurait ni coupe-file ni passe-droits, que je ne fatiguerais pas l’équipage de mes clameurs, et que même l’enfer, ma foi, si c’est la grande foule, je n’en ferai pas un drame, puisqu’on ne m’aura pas spécialement maltraité. Mais on connaît la réponse : mon  enfer, ce sera le vide et la solitude éternels, assortis d’un prolongement d’ignorance et de vaine quête : je ne saurai ni pourquoi j’ai été puni, ni même si je l’ai été, ni si d’autres, rares ou nombreux, connaissent un sort identique. Raison pour quoi…? Ou simple excuse? Franchement, entre l’horreur de survivre ainsi et celle de disparaître, je serais bien embêté d’avoir à choisir. Sauf que, bien sûr,  il faudrait Quelqu’Un pour me proposer le choix, ce qui serait rassurant, puisque j’existerais au moins pour Lui. Bizarre tout de même que je n’aie pas conservé Dieu dans la chambre du fond, Lui qui paraît une médication souveraine pour mon cas… Mouais. Sans doute manquait-Il un peu trop de malléabilité, avec Ses préceptes d’un autre âge, condamnant à peu près tout ce que j’avais envie de faire, et surtout, d’écrire, et notamment avec cet effacement du soi qu’Il préconisait sans rien donner de concret en échange. Plus basiquement, s’il paraît commode de projeter sa grandiosité dans un Être Transcendant, je doute fort qu’il soit possible à un narcipat, dont le llléger défaut originel est la quasi-inexistence, de croire à (ou en) quoi que ce soit tout seul, et plus que tout en Dieu, qui n’oppose qu’une résistance bien faible à l’hypervigilance, en des temps où Il n’a plus de socle que la force du moi et des bons objets internalisés. « Vous pouvez dire ce que vous voulez, moi j’ai mon Dieu qui me parle à l’oreille » : et qu’importe qu’il soit fait de bric et de broc, au gré des gondoles du supermarché des religions! Ce syncrétinisme de midinette exige un minimum d’ego, et n’est pas à ma portée.

     Hélas, je n’ai pas gagné au change en Lui substituant l’Opinion. Le présent blog, à un niveau très bas, a connu un léger frémissement d’audience, mais illusoire, puisque le populo m’arrivait de Google, via les recherches les plus farfelues, et mettait les bouts à peine reconnu le port, sans même s’astreindre à lire Kernberg, fût-ce en sautant les commentaires. Une pincée de fidèles, trois ou quatre, ceux qui débarquent directement (pas tous les jours, donc, qui sait? dix? quinze? vingt?), est restée dans le tamis, mais je n’ai aucun moyen de savoir si ce ne seraient pas des ex qui m’auraient certes reconnu, hélas au sens le plus plat et le plus désespérant du terme. En tout cas, ils ou elles ne se sont pas reconnus, eux : depuis que j’ai fini de copier, c’est la débandade : tout me porte à croire que je n’ai été d’aucune aide à personne; il est en tout cas certain que personne ne m’a aidé, et que s’il faut remercier les trois êtres (dont un suspect) qui en quinze mois ont pris sur eux d’amorcer un dialogue, c’est sans oublier qu’il était concédé de haut, par des dames qui ont fait leur vendange, et plus rien à apprendre, de moi du moins, donc rien à m’enseigner. N.B. qu’en coulisses des mutations pourraient s’opérer; mais les secrets d’autrui sont sacrés; du reste cet espoir est des plus ténus, et j’ignore même si je ne m’applique pas à le détruire de mes mains, en allant systématiquement à l’assertion qui dérange, que je crois pour ma part appeler de mes vœux, et attribuerais sans doute à la malveillance, en cas de retour de bâton. J’ai comme un soupçon que la contradiction réside dans la demande même, c’est-à-dire dans l’attente d’une désemparée à qui je puisse remonter le moral, en l’aidant à se restructurer, et tout à la fois d’un sujet contenant qui me rendrait justice. Tout à la fois? Non, en fait, je vois la chose en deux temps; mais fort rapprochés. Et les choses étant ce qu’elles sont, ne me trouvant confronté qu’à des êtres qui se sont aménagé un self confortable (fût-ce même dans la psychose avouée et revendiquée!) et me tendent la main depuis leurs hauteurs pour m’arracher au lac de poix, je suis acculé, pour avoir une marge de manœuvre et compter tant soit peu, à dénoncer les illusions dudit self (le tuf de grandiosité du don, par exemple) et, bien sûr, à déplaire, à des gens qui pour se débarrasser de moi n’ont d’autre effort à faire que de ne pas me répondre. Anne jadis m’a résumé le dilemme de façon très scolaire : « Comme tu te charges du réquisitoire, tu ne nous laisses que la plaidoirie » – et vice-versa, ma belle! Fais-moi donc un catalogue de tes tares (j’entends de vraies et d’accablantes, pas de simples T.O.C., ou de ces “défauts aimables” dont Rousseau accuse Montaigne de s’affubler) et tu verras avec quelle ardeur je me consacrerai à ta réhabilitation! Mais ça, je peux toujours l’attendre… Car même ceux dont l’estime de soi présente des brèches béantes ne s’emploient qu’à les colmater, et me présentent cette binette patibulaire de l’autosatisfaction qui excite mon agressivité. Échanger des ronds-de-bouche, horreur! Mais il est à craindre que les relations humaines, ce ne soit ça ou rien. Le jeu de la vérité ne tente que les enfants et les ados, et ceux-là, attendu l’enseignement aberrant qu’ils ont subi, auraient le plus grand mal à déchiffrer ma prose, et à y retrouver leur question.

     Donc, la solitude. Sans bord ni rive, sans appel. Et, partant, l’obligation de la meubler, liée malgré que j’en aie, au besoin d’une excellence au moins potentielle, bien entendu dans ma seule discipline, l’écriture, qui présente l’avantage, pour ma petite tête, d’englober toute la vie (dans la mesure où il n’y aurait pas de différence entre l’esse et de percipi) et d’être non pas une spécialité, mais une totalisation. Passons sur le peu que j’ai à totaliser, et focalisons-nous sur la manière, étant entendu qu’une cellule parfaitement disséquée nous livre la clef de l’univers. Il y a là un nœud qui résiste à mon scalpel : qu’est-ce que ça peut me foutre, millemerdes, d’écrire vrai ou faux, bien ou mal, dès lors que je me rassemble dans ma coquille et renonce à tout aval? Non seulement je ne crois pas à une réhabilitation par la postérité (pourquoi donc irait-on fouiller dans les tiroirs de mon cercueil?) mais je n’en ai absolument rien à battre, de l’image que je laisserai quand je ne serai plus là pour en jouir ou en souffrir, et, quoiqu’encore vaguement en vie, je ne suis pas certain qu’un coup de baguette magique changeant en best-seller un de mes ours délaissés me procurerait tant de plaisir : il est trop tard, je me suis encroûté dans la résignation.

…/…

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article