Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

[Les pathologies compatibles / Harcèlement et paranoïa]

7 Juillet 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

7.5. Les pathologies compatibles

Les pathologies compatibles avec la paranoïa sont la perversion qui, comme je l’ai déjà dit, intervient en outil logistique et méthodique, en développement tactique de la stratégie paranoïaque, mais aussi la névrose obsessionnelle, qui fournira des bataillons d’excellents exécutants à l’élaboration logistique des pervers.

    La dénonciation de la paranoïa a lieu en revanche par l’intermédiaire de deux autres profils : les états-limites dans leur dimension antisociale, et les hystériques.

    Les antisociaux dénoncent l’abus de pouvoir du paranoïaque; ils y sont épidermiquement réactifs, et le refuseront quoi qu’il leur en coûte. Le pouvoir paranoïaque essaiera par tous les moyens de les soumettre, jusqu’à la torture, ne supportant pas cette insolente provocation à son pouvoir omnipotent.

    Quant à l’hystérie (qui est, rappelons-le, la névrose la plus construite, donc qui mériterait d’être sérieusement réhabilitée face aux traces inquisitoriales qui perdurent sur les femmes dans les accusations disqualificatrices d’hystérie), elle interroge toujours la fonction paternelle, l’existence de la castration, la fonction du manque, comme Diotime le fait dans le Banquet de Platon. Les profils hystériques, ceux par qui le scandale arrive, sont insupportables aux pouvoirs paranoïaques qui les persécuteront jusqu’à tous les museler et les supprimer (ex. : Antigone, martyrs chrétiens, Cathares, Jeanne d’Arc, chasse aux “sorcières” lors de l’Inquisition…). [Créon, Simon de Montfort, le duc de Bedford, tous paranos? On se demande quelle place va rester à ceux qui veulent simplement s'en foutre plein les poches, et quelle étiquette nosographique ça mérite, de baptiser “mes travaux” un pareil salmigondis. Je ne peux même pas m’imaginer mouillant ma culotte devant un dictateur charismatique, mais ce que j’ai observé partout, c’est que le nullard doté d’une casquette jouissait d’un préjugé on ne peut plus favorable auprès des idiots sans casquette qui ont besoin de se sentir protégés par une figure paternelle, et ne se tourneront vers un “sauveur” qu’en cas d’abus de pouvoir énormes et/ou les touchant personnellement… Et il me semble, si l’on tient à s’amuser à ce jeu futile de bâtir, que dis-je, de grimer la psychanalyse en sociologie, qu’il n’y a pas de pathologie plus incompatible avec la paranoïa qu’une autre paranoïa… Entre le dissident et le dictateur, il n’y a qu’une différence de succès.)

 

8. Harcèlement et paranoïa

La paranoïa est la pathologie maîtresse du harcèlement.

    « Car le harcèlement implique des logiques de pouvoir et de groupe qui relèvent du totalitarisme : totalitarisme de la pensée où le sujet est éradiqué dans sa conscience morale et sa liberté, totalitarisme de l’action instrumentalisée, totalitarisme de l’interchangeabilité humaine, de la délation, du contrôle absolu » (article de l’auteure).

 

    Le harcèlement vise la destruction progressive d’un individu ou d’un groupe par un autre individu ou un groupe, au moyen de pressions réitérées destinées à obtenir de force de l’individu quelque chose contre son gré et, ce faisant, à susciter et entretenir chez l’individu un état de terreur. (livre de l’auteure)

 

    Pour ce faire, la psychose paranoïaque en est [sic] la pathologie maîtresse, car il s’agit d’étendre la suprématie du contrôle sur tous, et rien de tel que la terreur pour figer les individus et les soumettre. De plus [T'es sûre que ce n'est pas ajouter x à x?], la paranoïa est la pathologie du pouvoir abusif, contraignant.

    La parole dominante est une propagande, dans laquelle les victimes de la terreur sont désignées comme coupables, et les résistants à la soumission comme des traîtres. [Oh que je serais d’accord!… si seulement elle réalisait que les dominants sont des résistants qui ont réussi. Ceci à gros traits, bien entendu. À deux reprises, De Gaulle aurait pu mastiquer une dictature avec une dose de terreur. Mais son besoin de l’aval et de l’amour des masses (qui coïncide avec le respect de la loi, mais peut-être aussi un défaitisme interne) l’en a empêché. Chez notre auteure en revanche, la conversion potentielle d’une opposante en dictatrice (si on la laissait faire) transparaît continuellement. Et les rares fois où l’on m’a laissé un bout de pouvoir, j’ai cédé à cette tentation de faire taire les autres pour parler en leur nom.]

    Avec l’interprétation, chaque fait sera interprété sous l’angle de la persécution, et même l’accusation sera brandie de la sorte : « je suis victime d’une machination », dira le paranoïaque.

 

8.1. Harceleur / harcelé / complices

    Le harcèlement est l’action par excellence du paranoïaque, celle qui agit, mais aussi celle qui fait subir. 

    Je renvoie ici à tous mes travaux sur le sujet, er rappellerai simplement qu’au sein du système harceleur, qui est le produit de la paranoïa, son œuvre, sa création, son chef-d’œuvre pourrait-on dire, l’on retrouve le harceleur (bourreau), les complices actifs et passifs, les victimes et les résistants (lesquels deviennent boucs émissaires).

 

[Ici, toujours la Reine Margot. Ralb.]

 

8.2. Le harcèlement en réseau

De nombreux paranoïaques se disent harcelés en réseau, et se plaignent d’être harcelés. La plupart du temps, le harcèlement se passe dans leur psychisme, dans la vie courante il ne se passe rien du tout, mais ces personnes peuvent devenir dangereuses en attaquant autrui pour se défendre de leur propre délire. Plus l’espace de contrôle s’accroît dans une société, plus cette dernière augmente les potentialités de décompensation paranoïaque. [Le rapport avec ce qui précède me semble des plus lâches. Les paranoïaques délirent, mais il faut leur laisser la possibilité de s’exprimer, et de faire appel sur appel, faute de quoi ils risquent de passer à l’acte? Vous ne l’avez pas prouvé. Nous vivons dans une société où les instances d’appel sont absolument fermées aux trois quarts ou aux neuf dixièmes de la population. Et le pourcentage de vengeances me semble incroyablement bas. Combien de P-D G abattus, parmi ceux qui lourdent toute une usine, et s’en récompensent en triplant leur salaire? Il est vrai qu’il ne s’agirait pas là de ressentiment à thème parano.]

 

8.3. La calomnie et la diffamation

L’un des moyens les plus sûrs d’atteindre celui qui met en doute le paranoïaque est de le rejeter du groupe en le calomniant. Cette exclusion est annoncée comme un projet de mort : la croyance est distillée que, hors du groupe, le sujet ne survivra pas (ce qui est tout le contraire [sic]). Il y a donc confrontation au paradoxe paranoïaque : voir sa vie sauvée en renonçant à son existence propre, ou renoncer à toute protection parentale et fraternelle dans l’exclusion et retrouver une existence propre.

    Pour terrasser le récalcitrant, c’est-à-dire la personne qui ose interroger le manque, l’absolu du pouvoir et ses dérives, le pouvoir paranoïaque use, sans aucune vergogne, de la calomnie, avec la conviction (non erronée) qu’il en restera « toujours un peu quelque chose ».

    Il s’agit d’exclure l’autre de toute affiliation, de toute possibilité d’être même représenté comme fréquentable par le groupe. Cette diabolisation s’opère en même temps que la confiscation de la parole de la personne calomniée. Elle n’a plus la parole, ne peut donc plus se défendre, et seule une version des faits sera assenée au groupe. Et cette exclusion concernera tous ceux qui, de près ou de loin, mettront en question ce bannissement ou la violence de la calomnie à l’égard de la victime. [Tout cela est enfantin, et je pense que n’importe qui reconnaîtrait sans difficulté, en cette victime de la calomnie et de la diffamation étendues à l’ensemble d’un groupe, voire d’une société paranoïaque, le paranoïaque lui-même et ses affabulations. Il se trouve que dans le seul lycée où j’aie un peu longtemps traîné mes sandales (six ans, à Maurice), j’ai vu débarquer, l’année d’après mon arrivée, une brochette d’individus qui m’ont peu à peu marginalisé, puis exclu, du microcosme des expat’ de l’enseignement, exclusion à laquelle j’ai fortement contribué moi-même, en ne m’intéressant qu’au commerce des autochtones, puis des moins de vingt ans. La pièce maîtresse du dispositif de “l’ennemi”, c’est que j’étais paranoïaque, donc pas crédible. Et comme la pomme de discorde secrète gisait dans mes rapports trop familiers avec mes élèves, et l’envie qu’ils généraient chez certains collègues, Miss Je-sais-tout aurait pu ajouter sa pelletée de terre : il confond les âges! (pas les sexes, pourtant, c’est bizarre). Mais mes détracteurs n’étaient pas si savants. Où veux-je en venir? Ici : j’ai été critiqué d’abondance, mais reste convaincu d’avoir été peu calomnié, et seulement par qui avait un intérêt particulier à le faire. Et d’autre part, non seulement j’ai sciemment trublionné le landerneau, mais je ne suis pas certain du tout d’avoir eu si raison que ça de le faire, ni de n’avoir pas souvent éludé la discussion. Il est certain qu’un bon nombre de rois, tyrans, caudillos et conducators ont fait un crime pendable du simple fait de les critiquer, et que des foultitudes de gens ne demandent qu’à vivre dans l’adulation, la confiance inconditionnelle et la sécurité fantasmatique. De là à se croire persécuté, et à s’en faire honneur, à la moindre friction avec le groupe, il y a toute la marge de la… paranoïa, et pas de celle du groupe!]

 

8.4. La haine de la différence

Le paranoïaque hait toute différence et tente systématiquement de l’abraser, car elle le confronte au manque, à la perte, au vide, à l’altérité.  [Fourre-tout. S’il y a quelque chose de vrai là-dedans, c’est que Narcisse, structurellement, ne comprend pas la différence. Pour lui, elle doit se résoudre en un. Mais d’un autre côté, il doit être exclu d’y parvenir, l’aval ne pouvant venir du même.] Il nourrit ainsi un désir fou d’égalité parfaite, avec parfois des crises obsessionnelles terrifiantes. L’idéologie de la garde alternée aujourd’hui peut faire partie de ce monde paranoïaque, en abrasant toute différence qui existe, pour un enfant, entre son père et sa mère, de même que toute idéologie de l’égalité arithmétique stricte entre des profils qui, précisément, sont différents.

 

Alignement

Andrée est paranoïaque. Lorsque ses crises d’angoisses sont trop fortes, elle passe ses journées à aligner les fils qui bordent le tapis dans le salon. Elle veille à ce que la distance entre chaque [sic] fil soit exactement la même. Cette activité lui prend des heures.

 

[Mouais, bof. On se serait aisément passé de toute cette fin de chapitre. Le suivant prétend distinguer la perversion de la paranoïa, et je crains qu’il ne soit guère plus convaincant. Pour comble, plus j’avance, plus je perds de vue mon projet de départ, à savoir d’apporter une réponse au moins hypothétique à la question : suis-je paranoïaque? Quant à l’existence du mal lui-même, qui me paraissait incontestable, je finirais par en douter.]

 
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article