Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Narcipat

[L’œdipe et la castration, fondements incontournables de la normalité]

24 Juin 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

 

    Au climat familial peuvent s’ajouter plusieurs facteurs sociétaux, comme une société [sic] qui diffuse de la violence en permanence, encourage des passages à l’acte (cf. les séries T.V.) [I speak under correction, mais, que je sache, il n’a pas été prouvé que lesdites séries ne servaient point, au contraire, de dérivatifs. Pourquoi la catharsis s'arrêterait-elle à l'antiquité?] et se confusionne [sic] elle-même dans ses principes. Ceci est de nature à favoriser davantage la décompensation paranoïaque. Je sais bien qu’à l’heure actuelle, en Occident [Et hop! Toute occasion est bonne d’enfourcher Dada II, qu’on nous donne, bien sûr, pour poulain de Dada I!], existe le dogme de l’égalité des droits pour tous d’être parents, mais il faut bien rappeler  l’importance des droits de l’enfant d’accéder à des identifications sexuées qui sont des fondements premiers, originels, de leur [sic] construction psychologique sécurisée. Ainsi, non seulement il n’est pas désuet de parler de fonction paternelle et de fonction maternelle, mais encore il est primordial de rappeler leur importance, tout autant que celle de pouvoir s’inscrire dans une généalogie familiale, à l’heure où des dogmes contraires sont imposés, sous forme de propagande, au grand public. [Rappelons que ce “dogme contraire”, c’est la liberté pour les homosexuels de fonder une famille, soit par diverses formes de fécondation (lesbiennes), soit par adoption. Qu’est-ce que ça donne? Beaucoup de souffrance enfantine selon l’auteure, et c’est possible; mais 1) il est difficile de faire confiance à quelqu’un d’aussi entier; 2) les enfants souffrent et se détraquent aussi dans les couples canoniques; 3) je suis convaincu que s’il y a bien une souffrance spécifique, elle est issue non d’une contravention à la nature, mais à la coutume. À l’âge du conformisme, les gamins pâtissent de n’avoir pas un foyer comme les autres. Ma mère s’inventait des aventures pour compenser l’absence d’un père, mort avant sa naissance. Mais s’il n’y avait pas eu des gens assez courageux pour se dresser contre la coutume, les femmes seraient encore des esclaves domestiques (et des servantes du Malin), les noirs ou les “vilains” une espèce inférieure, etc : les sociétés irréprochablement sécurisées, statiques, auxquelles la famille biparentale sert de cellule de base, ne sont pas pour autant exemplaires ou intangibles! On n’a pas à suivre le modèle psychanalytique d’une sorte d’Œdipe obligatoire, de la sainte famille, comme disaient Deleuze-Guattari, que notre auteure a oubliés, si elle les a lus. Il peut y avoir quelque dégât pour les novateurs, dégâts, c’est là le pis, pour les chères têtes blondes. Mais ce n’est pas une raison pour ne jamais rien changer, d’autant que le “triangle originaire”, surtout très con et sans amour, ça n’a jamais été le pied.] De plus, l’invocation d’une “bisexualité psychique” relève d’un maintien de la confusion originaire et archaïque dans une “asexuation” incestueuse informe. [Pourquoi l’asexuation serait-elle nécessairement incestueuse… et informe?] Dans l’accès à l’identité sexuée, à l’identification au parent du même sexe que son sexe biologique de naissance (respect d’un ordre naturel des choses, car la culture et la civilisation ne se construisent jamais contre la nature, sauf à se détruire l’une comme l’autre), s’inscrit le principe de la réalité, qui opère par la castration : on est/naît fille, on est/naît garçon. [Il n’y a donc aucune “castration” réelle.]

    Déstabiliser ces identités sexuées premières (on naît garçon ou fille, et l’on se construira par identification au même sexe au travers de la représentation du père ou de la mère), de même que l’importance de la généalogie, dans la construction psychique de l’enfant, relève bien d’une idéologie de type pervers ou pire, paranoïaque, avec toute la dimension destructrice que cette idéologie comporte. De même, crier à la discrimination alors que des réalités différentes ne peuvent se traiter sur le registre du même [N’importe qui pourrait vous répondre que les noirs et les blancs, les nobles et les manants, les brahmanes et les parias, sont des “réalités différentes”; et que même si l’enfant d’un couple homo a plus de chances de devenir homo à son tour, ses difficultés dans la vie décroîtront à mesure que leur nombre augmentera. Bizarre tout de même qu’à cette occasion vous oubliiez vos chers Grecs!], mais précisément sur celui de la différence, ressort tout autant du registre paranoïaque.

 

Le complexe paternel

Il est impossible pour un psychisme paranoïaque de s’inscrire dans une filiation paternelle. Le Nom du Père est rejeté, ainsi que l’ordre des générations, en raison de la temporalité psychique propre à cette pathologie. Ainsi, le paranoïaque rejettera être [sic] “le fils de” tout comme il lui sera difficile d’envisager une descendance qui lui succède et le “détrône”. [On comprend que vous teniez à cette “temporalité psychique” qui est votre sujet de thèse, mais vous n’avez fait qu’égrener des affirmations sans en prouver aucune. Qu’est-ce que “s’émanciper de l’ordre des générations”, sinon prétendre à transcender l’hérédité par la lucidité? L’auto-engendrement est une lubie, mais on peut espérer qu’une analyse ou auto-analyse nous distancie des déterminismes familiaux. Je ne rejette pas d’être “le fils de”, je cherche en quoi ça m’encrasse, limite ma liberté et ma créativité. Le plaisant, remarquez, c’est que je vous lâcherais bien mon père, qui, c’est sûr, ne pouvait souffrir que sa progéniture le dépassât d’un iota en quelque domaine que ce fût. Paranoïaque? Mais lui, en bon petit Œdipe conforme, avait réussi, du moins après leur trépas, à placer ses parents sur l’autel. Entre nous, ça me paraît plutôt, pour tous ceux qui ont engendré, un geste d’autodéfense, quand ils s’aperçoivent que leurs descendants ne les révèrent pas plus qu’eux ne révéraient leurs père et mère.]

    Alors, dans cette absence d’accès à une symbolisation généalogique [pour moi, cette alliance de mots relève pour le moment de la poudre aux yeux], que se passe-t-il lorsque le parent paranoïaque devient grand-parent? Deux solutions s’offrent, selon la situation. La première est que l’enfant du parent paranoïaque ne s’est pas décollé du parent paranoïaque. Ce dernier investira donc l’enfant de son enfant comme son prolongement corporel, et la symbiose s’élargira aux trois générations successives, comprises, comme une seule et même masse informe. La seconde est que l’enfant du parent paranoïaque s’est décollé psychiquement du parent paranoïaque. Dans ce dernier cas, le parent paranoïaque pourra décompenser à la naissance de l’enfant, vécu comme “sujet de remplacement”, éviction de son pouvoir personnel. Il n’est pas rare de voir, dans cette dernière situation, le parent paranoïaque décéder au moment de la grossesse de son enfant vécu comme “décollé” et capable d’investir un autre être que son parent fou. La menace étant trop grande, une mise à mort a lieu. [Singulier brouillage que voilà : la “mise à mort” n’est ni celle de l’enfant ni celle du petit-enfant, l’auteure serait trop heureuse de nous l’apprendre si elle connaissait ne fût-ce qu’un cas : c’est donc le grand-parent qui est “mis à mort”, et même pas par lui-même à proprement parler, mais par Dame Nature. Qu’elle soit éventuellement aidée par le sujet, je ne prétends pas le nier, et, moi qui ne connais à peu près personne, on m’a parlé d’au moins deux mères qui s’étaient laissées mourir (d’un cancer tout de même, qui n’est pas, que je sache, une maladie psychosomatique… mais certains théoriciens soutiennent, si je ne m'abuse, qu'elles le sont toutes) pour punir leurs enfants… plutôt de les délaisser que d’avoir procréé, à dire vrai, mais en tout cas, de les tenir à distance de leurs petits-enfants.]

    Lacan aboutit à une autre hypothèse que l’hypothèse freudienne de l’homosexualité déniée [Peut-on, encore une fois, parler d’hypothèses en psychanalyse, où rien ne permet de les confirmer ou de les infirmer?], pour expliquer le “complexe” paranoïaque :

    « Ce qui persécute un fils, c’est lorsque son père ne se reconnaît pas lui-même comme fils de son propre père, provoquant ainsi une perturbation de l’ordre des générations. »

    Ce point est primordial , car c’est bien lors du complexe d’Œdipe que l’enfant accède à la dimension des générations, c’est-à-dire à la temporalité de l’avant et de l’après, de la dette envers ses ascendants qu’il apurera envers ses descendants. L’être n’est pas autoengendré, il doit respecter l’ordre des choses antérieur, vouer un respect aux Anciens, et s’inscrire dans le processus de transmission. De même, par l’accès aux générations, il parvient à penser sa propre mort, il n’est donc pas omnipotent et immortel, et cette finitude est le commencement d’une sagesse qui lui permettra de développer des œuvres, de grandir, et d’avoir le souci de s’investir pour une meilleure civilisation. [On connaît la thèse, affirmée ici avec une vigueur (paranoïaque?) qui suffit à me bluffer, moi qui n’ai à peu près aucun savoir sûr. On comprendrait que fût brossé là le modèle d’une société statique et traditionnaliste, style Ancien Régime ou Aborigènes d’Australie, et je serais prêt à concéder que l’homme, y connaissant sa place dès ses premiers balbutiements, y était/est plus heureux. Bien noter que la psychanalyse définit, comme l’astrologie, l’alchimie ou la théologie, un “savoir” de ce type, au sein duquel les Anciens doivent être respectés, faute de quoi “le roi est nu”, et tout fout le camp. Mais faire de ce respect, de cette inscription dans le processus de transmission, non seulement la condition de penser sa propre mort, mais celle de développer des œuvres, c’est à choir sur le train. À part des schizo très gravement atteints, personne ne se croit immortel à proprement parler, les hommes choisissent simplement de le pas penser à la mort, parce qu’elle “ne se peut regarder fixement”, ni, comme le croyait Montaigne, “s’apprivoiser” : que papa et mémé y soient passés n’atténue guère l’impact de l’instant fatal quand on l’aborde, et qu’on crie : « Maman! » en toutes les langues de la terre…

     Lumina sis oculis etiam bonus Ancu’ reliquit

     qui melior multis quam tu fuit, improbe, rebus.

        […]

     Tu vero dubitabis et indignabere obire

     Mortua cui vita est prope jam vivo atque videnti… [1]

    Mais parfaitement! Mezigus est, ibi omnis differentia. Encore une fois, je suis tout prêt à admettre qu’une civilisation qui place en son centre le groupe (familial, ethnique, religieux, national) et non l’individu, rend la mort d’icelui plus supportable. Mais nous bailler cette civilisation pour plus sage, plus “vraie”, et surtout plus susceptible de progrès, c’est du rêve déguisé en théorie. Je reconnais que je suis un gamin de 67 ans, qu’une vraie adolescence ne m’aurait pas fait de mal, que le temps est un peu arrêté pour moi, et que la persévérance d’une vie, qui ressemble fort aux efforts de la fourmi pour sortir de la bouteille, en dit long sur l’incapacité à méditer ses erreurs, mais pourquoi tiens-je tant à finir mon Inventaire avant de claquer, alors qu’il a six lecteurs en période de pointe, et que je me torche de la postérité, n’espérant de l’au-delà que le néant? Désolé pour ta thèse, ma puce, mais si l’identification post-œdipienne (c’est-à-dire une opération fondamentalement fausse) opère peut-être la mutation du surmoi archaïque en conscience morale, elle ne donne pas accès à la temporalité de l’avant et de l’après, ni à la mortalité.]

 

 

[1] « Même le bon Ancus,  qui valait cependant, canaille! mieux que toi à tant d’égards, a fermé les yeux à la lumière; [ici, petite accumulation des “meilleurs que vous” qui ont cassé leur pipe, culminant au Maître, Épicure] et toi tu vas hésiter et t’indigner de partir! toi qui, vivant et voyant, n’as guère qu’une vie morte… » (Lucrèce, De natura rerum, III, 1025-1026 & 1045-1046)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article