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Le blog de Narcipat

[Clivages; Vicissitudes de l’argument d’autorité]

16 Mai 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

Les clivages dans le discours

Dans le discours paranoïaque s’illustrent des clivages psychiques.

    Ces clivages sont de nature à pratiquer l’injonction paradoxale de manière subtile et à perdre complètement l’interlocuteur, qui n’en sortira pas souvent indemne (a minima, dans le doute et la confusion, a maxima, dans la souscription pleine et entière au discours paranoïaque). [laquelle vous laissera, vous, de marbre : de quel côté est la rigidité?]

    Ces clivages peuvent être :

1° clivage entre l’émotion et le fait rapporté (ex. : rire d’une situation tragique, prodiguer une intense compassion à des pédocriminels, etc.); [vos valeurs, votre code, sont donc “les bons” : interdiction de s’en écarter! Or il me semble qu’un élément essentiel pour déclencher ma compassion est qu’elle ne soit pas partagée par trop de gens : ce qui m’émeut, c’est le paria, le réprouvé véritable, celui qui n’émeut, à la limite, personne d’autre : probablement moi-même, inconsciemment, mais je ne le sens pas ainsi.]

2° clivage entre des idées contradictoires (ex. : « je suis pour la peine de mort » et quelques phrases plus loin : « nos sociétés ont progressé en supprimant la peine de mort »; [Il est possible que cet item, dans sa banalité, touche à une critique assez profonde du discours histrionique, qui n’adhère vraiment à aucune des idées qu’il débite, et se préoccupe primordialement de l’effet. Mais la cohérence du délire paranoïaque est soulignée partout.]

3° clivage entre l’intention et le projet (ex. : « c’est pour votre bien que vous devez accepter de payer tous ces impôts »); [Propos stupide, à moins que le bien public que suppose une répartition plus juste des revenus ne soit sous-entendu, auquel cas c’est l’exemple qui est stupide.]

4° clivage entre la parole et le comportement (ex. : « mais moi je veux qu’on s’entende bien », alors que tous les actes prouvent le contraire et sont persécuteurs). [Question, encore une fois, d’appréciation. La question demeure, de la cohérence du discours, et de la croyance qui le soutient. J’ai souvent l’impression, et de plus en plus, de faire semblant de penser, pour parêtre, et l’incohérence risque de s’ensuivre. Cela dit, il est évident que les prétendus clivages n’ont pas pour objectif de noyer l’interlocuteur.]

    L’interlocuteur, pris dans tous ces paradoxes subtils [Ô combien!], s’il est en impossibilité de les analyser, n’aura par conséquent pour seule arme que le déni, afin de se préserver psychiquement. Il épousera donc le délire paranoïaque. [en adoptant un contre-délire, si votre “donc” signifie quelque chose. Ce qu’il est bien difficile de vous accorder.]

    La sidération de l’interlocuteur est obtenue par ces différents clivages, un bombardement de stimuli “tous azimuts” dans le discours (y compris dans la gestuelle) et l’injection de chocs émotionnels dans le discours (évocations d’images traumatiques, par exemple). 

 

Le faux argument d’autorité

Les arguments d’autorité consistent à invoquer des experts, des intellectuels et des savants célèbres [Il s’agit donc d’un recours indirect à l’opinion.] pour leur emprunter et s’autoriser une pensée. Le débat est supposé déjà entendu, puisque des grands de ce monde ont développé un argumentaire irréfutable [Freud et Marx, par exemple… Voilà un “irréfutable” qui sonne passablement parano!] sur telle ou telle question.

    Dans le délire paranoïaque, ceux-ci [sic] sont détournés de plusieurs façons :

 

– 1° faire passer pour un argument d’autorité ce qui n’en est pas un; [ce 1° n’est pas exclusif des trois suivants, mais les comprend tous : quelle classification, encore une fois! Quelle logique!]

– 2° détourner la pensée réelle de l’argument d’autorité (la décontextualiser, l’interpréter, la falsifier);

– 3° attribuer des citations à des auteurs qui n’ont jamais prononcé ces phrases;

– 4° occulter la réelle pensée de l’auteur et son développement, qui peuvent même être aux antipodes de la citation empruntée. [Différence avec le 2°???]

[On verra plus loin que le paranoïaque est un farouche adversaire de l’argument d’autorité en soi, position que j’approuve à 110%. Évidemment, ils sont énervants, ces gens qui ne savent rien, et, sur la base de leur jugeotte de merde, discutent tout ce qui est archi-établi “depuis sept mille ans qu’il y a des savants”. Mais je n’en démordrai pas : « Machin l’a dit » ne prouve absolument rien. Quand il l’a bien dit, ou le premier, et qu’on s’en souvient, il peut être économique de “citer ses sources” (ou plutôt, de cautionner ses eaux), mais en tant qu’argument, zéro. La pensée commence à l’irrespect, et si j’avais enseigné au moins cela à mes élèves, je n’estimerais pas que ma vie professionnelle ait été si inutile. Bien entendu, je ne prétends pas ici risquer une loi générale valable pour les savoirs sûrs, ceux que l’expérimentation peut confirmer ou infirmer : passerait la vie à tout réinventer! Il faut qu’un corpus soit transmis, et ça repose sur un minimum de confiance. Mais même les savoirs qu’on a cru vérifier méritent à l’occasion d’être réexaminés. Et une connaissance de l’homme qui se donne pour irréfutable a tout à gagner à être contestée, ne serait-ce que via l’observation de soi. Quant à ceux qui se croient autorisés par un parchemin à trancher de l’expert alors qu’ils ne savent même pas écrire leur propre langue, nous aurons l’occasion d’en reparler.]

 

    L’argument de “contre-autorité”

    Enfin, l’argument d’autorité est utilisé de façon négative dans le délire paranoïaque. Nous pourrions appeler cela l’argument de “contre-autorité”, lorsqu’il s’agit de comparer un adversaire discoureur à une personnalité connotée négativement, qui ne fait justement pas autorité, et ainsi le décrédibiliser complètement : « Vous parlez comme Staline »…

[Si cet argument est paranoïaque, je serais des rares à échapper au cabanon. Car les autres  l’emploient sans cesse, et moi jamais.]

 

    À l’heure d’une société française qui [sicbascule de plus en plus dans une paranoïa collective, il est clair que le glissement des débats scientifiques dans le champ politique, et la dépréciation des vrais experts de telle ou telle discipline, relèvent de la négation de l’autorité scientifique. [Ach! Guel grime! Au vrai, tout dépend de la science dont on parle. Il y a belle lurette (et des kyrielles d’erreurs) que les “politologues” ou experts-psy auprès des tribunaux ne sont plus pris au sérieux par personne, alors que nul ne songerait à mettre en cause la déposition d’un toxicologue ou d’un balisticien, parfois sujette à caution pourtant.] Lorsque, par exemple, lors des débats sur le mariage pour tous, on exclut du champ de l’analyse les professionnels de ces questions [c'est-à-dire qu'on ne les laisse pas décider seuls], et en particulier les professionnels de l’enfance (puisque personne ne s’y trompe, il s’agit bien du mariage comme contrat à l’origine d’une famille) au nom du fait que la société doit régler seule son débat (donc, sans ses experts), c’est tout simplement le règne de l’opinion et la condamnation de la science. [de ta science, certainement.] Le débat scientifique et la recherche ne sauraient se discuter comme des opinions, et ceci illustre bien la démesure et le délire politiques où les lois fondées sur des opinions, des émotions ainsi que sur des modes et sur des lobbies, sont venues se substituer en lieu et place [sic] du débat de chercheurs et d’experts. [De qui s’agit-il? Cherchons bien…  pourquoi et comment des “experts” de cette trempe, dont la pensée et le style sont un magma pâteux, et les autorités une bande de charlatans non pas irréfutables, mais péremptoires et masqués d’obscurité, sont devenus suspects à la part de la population qui ne suce pas l’intégralité de ses convictions dans les « Du moment que c’est, c’est bien » de la télé et de l’école. Au reste la population n’a pas eu son mot à dire (sinon dans la rue) au sujet du mariage pour tous, et en un sens c’est justice, le suffrage universel n’ayant pas à s’occuper de cas particuliers (ici, la minorité qui n’avait “pas droit” au mariage). Pour le gouvernement, il s’agissait de détourner l’attention populaire du social vers le sociétal, qui ne coûte rien, et il n’a qu’à moitié loupé son coup, puisqu’on en reprend pour cinq ans de libéralisme à badigeon rose (le Canard nous a quand même évité le pire… comme en 81, arf). Mais halte à la politique du comptoir!] [1]

 

[1] Effectivement : le “badigeon rose” s'est très vite écaillé, et notre candidat à la présidence à vie n'a pas tardé à dévoiler pour qui il roulait. Naturellement, la théorie du ruissellement refait surface, alors qu'elle à toujours et partout été infirmée par les faits. Je me demande si les prolos n'ont pas touché pire que Fillon soi-même.

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