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Le blog de Narcipat

[Des types de paranoïa / Paranoïa de caractère]

20 Avril 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

3. Des types de paranoïa

    Selon Kræpelin, la paranoïa se définit comme le « développement insidieux, sous la dépendance de causes internes et selon une évolution continue, d’un système délirant durable et impossible à ébranler, et qui s’instaure avec une conservation complète de la clarté et de l’ordre dans la pensée, le vouloir et l’action. Il existe plusieurs types de paranoïa dans la nosographie. Toutes ont pour point commun la méfiance, l’orgueil et l’hypertrophie du Moi, l’agressivité et la susceptibilité, la rigidité psychique, l’absence de remise en question, l’autoritarisme, la fausseté du jugement et une forme de persécution. » [Est-il soutenable que je ne me remette pas en question? À vue de nez, ça semble tenir du paradoxe, puisque je ne fais que ça, et parais ne pas m’épargner. « Serais-je parano? », d’après la définition kraepelinienne, semble une marque sûre qu’on ne l’est pas. Reste à savoir si cette remise en question solitaire, et pas si désireuse qu’elle l’affiche, probablement, de recevoir un coup de main, n’épargne pas les zones sensibles, et en fin de compte a une autre fonction que celle de nourrir la mégalomanie.]

    Kretschmer distingue trois variétés de personnalités paranoïaques : les personnalités de combat, de souhait et sensitive que j’étudierai infra.

    Souvent, le délire paranoïaque s’installe progressivement et durablement vers 35-45 ans chez les personnalités paranoïaques. Il est davantage répandu chez les hommes que chez les femmes.

    Actuellement, la psychiatrie française s’attache à distinguer un groupe de délires paranoïaques qui comprend

- les délires d’interprétation systématisés (Kraepelin)

- les délires de relations des sensitifs (Kretschmer)

- les délires passionnels : de revendication, de jalousie, l’érotomanie (De Clérambault).

    Ainsi la tendance actuelle dans les pays francophones comporte les éléments de personnalité suivants :

- une sorte d’exaltation quasi constante liée à un comportement revendicatif et rancunier. Un défaut de réalisme, voire un idéalisme qui peut évoquer un certain fanatisme au plan idéologique, dès lors qu’il s’agit d’ordre en général et d’ordre social en particulier;

- l’orgueil par surestimation du Moi, la méfiance alliée à la susceptibilité, la frigidité affective dans le manque de sociabilité de ces sujets entraînant un isolement social, constituent des traits de personnalité qui caractérisent la relation aux autres du caractère paranoïaque et préparent les idées de persécution à venir; [Sans bavure, sauf que la culpabilité, et selon moi, le déficit d’être et d’amour sur lequel s’édifie la “surestimation du moi” sont omis; d’autre part, j’éprouve intimement ce que l’apparente “frigidité affective” doit à l’inhibition (crainte du rejet).]

- la pensée qui se veut avant tout rationnelle et logique est spécifique au caractère paranoïaque en raison des erreurs de jugement et de l’absence d’autocritique; [Qu’on relise simplement cette phrase, et qu’on me dise ensuite si son auteure est habilitée à disserter sur les paralogismes des autres, ou, à tout le moins, ne ferait pas mieux de traquer préalablement les siens!]

- en revanche, dans la paranoïa la différenciation dedans/dehors est vigoureusement défendue : « La projection consiste à mettre dehors les pulsions agressives destructrices dont l’appartenance au sujet est déniée : c’est l’extérieur qui devient mauvais, persécuteur, menaçant pour le sujet. » [Soit. Ça ne veut pas dire que “le sujet” se voie comme un petit saint. Ni que toute méfiance soit injustifiée, ni que l’agressivité ne soit souvent rétorsive.]

 

3.1. La paranoïa de caractère

 

    La paranoïa de caractère s’enracine, sur le mode affectif, dans l’histoire du sujet, propose une conception de soi-même inférant des attitudes et des comportements, une manière d’être dans les relations sociales et de se projeter dans le regard d’autrui. La paranoïa de caractère allie à la portée altruiste et sociale des thèses idéalistes, une puissance des pulsions agressives et autopunitives. [Il semblerait donc que  ce soit elle que prétendait décrire le DSM IV, cité plus haut, et qui me chausserait assez bien. La question est de savoir si cette forme bénigne est déjà psychotique, c’est-à-dire, pour ce qui m’importe, inguérissable.]

    Les deux plus fréquentes évolutions sont :

- la survenue d’un épisode dépressif majeur à forte connotation de persécution

  • un délire chronique paranoïaque

    La personnalité paranoïaque pourrait constituer un facteur de prédisposition à la survenue d’un délire paranoïaque. De fait, la personnalité paranoïaque représenterait un terrain sur lequel peut se développer le délire, mais toutes les personnalités paranoïaques ne sont pas prédestinées à délirer un jour. La majorité des personnalités paranoïaques conserve cette personnalité.

    Selon Lagache, le caractère est l’ensemble des dispositions et aptitudes qui « commandent la manière d’être et de réagir de l’individu dans ses rapports avec le monde extérieur et avec lui-même » Il s’agit là de la manière habituelle de se comporter.

    Les personnalités pathologiques présentent un certain style de vie, une manière d’être, des comportements pathologiques, ce qui interroge toujours les frontières, également idéologiques et normatives, qui distinguent le normal du pathologique.

    Les traits de caractère sont durables et stables alors que les symptômes sont variables et se modifient dans le temps.

    D’un point de vue classique, la personnalité paranoïaque s’inscrit dans un continuum entre, d’un côté, les traits de caractère paranoïaque repérables cliniquement, mais ne formant pas un système stable d’organisation et, de l’autre, les délires paranoïaques (délires chroniques systématisés) qui en constituent la complication évolutive majeure.

    La paranoïa de caractère est une constitution psychique qui, comme son nom l’indique, forme le caractère propre à l’individu. Ce caractère (sur lequel pourra ou non, se greffer le délire donc) se distingue par un égocentrisme, une hypertrophie du moi, une méfiance, une psychorigidité et une fausseté du jugement. [Je suppose qu’il faut entendre par là que tous ces traits, communs à tous les hommes (sauf peut-être le dernier, qui serait simplement très répandu) s’épaississent, va savoir de combien, dans la paranoïa de caractère, la seule dont je sois affligé pour le moment, et dont les décompensations sont contrecarrées par l’inhibition.]

    L’entrée dans le délire se nomme “décompensation”, mais il n’est pas rare que certains paranoïaques ne demeurent paranoïaques “que” dans le caractère, sans délire émergent, ce qui n’en fait pas moins une pathologie très redoutable.

    La paranoïa de caractère se repère à la méfiance [présente!], à la crainte de la trahison, de la déloyauté des proches [présente!], à l’interprétation de sens cachés dans les détails quotidiens [présente!] toujours sous l’angle d’une nuisance à son encontre [pas toujours, et je dirais même jamais, s’il ne s’agit que de moi en soi : on a déjà évoqué vingt fois cette nuance, qui tient un peu du sophisme. Reste que je m’enflamme de même, quoique moins violemment, quand, lors d’une lecture par exemple, se polymérise quelque tromperie plus ou moins vaste, mais appuyée par le pouvoir, et devant laquelle, ressentant douloureusement (même si je ne suis pas, de près ou de loin, au nombre des victimes) mon impuissance, je ne vois que le meurtre pour “ne pas me faire avoir” : quel que soit ensuite mon sort, un ou quelques salauds, au moins, ne sortiront pas de leur tombe.], à la rancune tenace [Résolument absente, à mon grand dam! Comme on fait, je fais; comme on me donne à sentir, je sens. Je crains d'avoir serré toutes les mains tendues, ême celles que je m'étais promis de dédaigner ostensiblement], à l’élaboration d’hypothèses d’attaques ou de complots contre soi [Pas nécessairement contre soi, voir plus haut; et je persiste à penser que ces crises d’élaboration sont le processus basique de toute découverte (ou invention) d’une théorie neuve, la question se posant alors de savoir si la fameuse “fausseté du jugement” ne recouvrirait pas une propension à adopter toute synthèse qui se distingue de la doxa, et s’oppose au pouvoir. Je supposerais plus volontiers que l’appétit du neuf est paranoïaque en soi, mais qu’on cesse d’être dingue quand on arrive à convertir les autres à son délire.], au désir de vengeance [présent! mais si rarement assouvi…], à la jalousie pathologique. [présente! mais comment l’entend-on? Tous les hommes et toutes les femmes qui disposent du temps et du charme requis trompent leur conjoint. C’est la possessivité qui est pathologique, et les couples peinards sont ceux qui ne se cassent pas la tête.]

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