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Le blog de Narcipat

[Lassitude]

19 Juillet 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

 

    Dans la pathologie paranoïaque, l’enfant est vécu comme un organe vital, partie de soi-même, psychiquement et physiquement, jusqu’à former un organisme omnipotent défiant toute autre présence et toute autre loi. L’enfant est enclavé, jamais engendré. Cette relation défie le facteur temps, et empêche toute autonomie de l’enfant qui reste au cœur du giron. Enfin, avec un parent paranoïaque comme un parent pervers, les enfants sont fétichisés dans l’emprise, instrumentalisés comme faire-valoir social.

    L’incestuel dont des psychanalystes de renom ont parlé [Malheur à lui sans cette caution!] est plus archaïque que la perversion sexuelle car la finalité est de ne laisser à l’autre aucune place pour être, tandis que dans la perversion il existe un objet partiel qui est fétichisé.

    Tous les paranoïaques sont dans l’incestuel, dans le sexuel non sexuel, avec une très forte indifférenciation des êtres sur les plans corporels, psychique et social. C’est bien là qu’est la plus grande destruction de la vie psychique qui soit, ou même son empêchement à devenir subjectivation, vie psychique.

    L’on retrouvera néanmoins dans les passages à l’acte incestueux (l’inceste génitalisé) davantage de pervers, et encore bien plus dans la pédocriminalité, sauf lorsqu’il s’agit d’entretenir le harcèlement sur l’autre parent, dans les cas de divorce. L’enfant transgressé devient un moyen de chantage et de harcèlement de l’autre parent, et il n’est pas rare que des paranoïaques obtiennent la garde totale de l’enfant qu’ils abusent [sic] en stigmatisant le parent protecteur, ce qui interroge, d’une part, la dangerosité manipulatrice de cette pathologie, et d’autre part, les carences majeures de la justice et des services de protection de l’enfance en France, notamment en termes de formation en psychopathologie et de posture professionnelle. [Pour s’en tenir au concret, je doute fort qu’un paranoïaque engagé dans un conflit pour garde d’enfant, du moins tant que dure le procès, abuse sexuellement dudit enfant pour faire pression sur la partie adverse! Mais s’il le faisait, je comprendrais que les “acteurs institutionnels” n’en voulussent rien croire, et trouvassent l’“aliénation parentale” plus confortable pour leurs méninges.]

 

L’idole

« Avant tout, la relation incestuelle est une relation narcissique. L’objet incestuel est investi tel une idole. Mais cet investissement n’est pas à perte : l’idole a impérativement pour fonction d’illuminer l’idolâtre en retour. Paré en secret (et ce secret est essentiel) de toutes les qualités qu’on lui prête, l’objet incestuel est ébloui et fasciné, avant que d’être finalement et à tous les sens du terme, confondu. Il incarne un idéal absolu. Il a tous les pouvoirs. Par-dessus tout il ne manque pas d’être paré du pouvoir, même s’il ne l’exerce pas, de procurer au parent la jouissance sexuelle. Fils, amant, et même père (ou fille, maîtresse ou même mère), il ou elle sera tout cela indistinctement. Quel fils, quelle fille résisterait à une pareille adulation? À une telle complétude? Mais qui, pour finir, n’y perdrait pas? Car on l’a vu, la question de savoir qui dans cette relation admire qui, cette question est plus qu’indécise : elle est biaisée. L’objet incestuel est captif d’une projection narcissique envahissante : il a pour mission profonde et impérative, d’incarner à lui seul les objets internes qui manquent à l’auteur de l’adulation narcissique. Telle mère n’a pas pu connaître et aimer son père; elle a délaissé et perdu son mari; elle n’a pas connu sa mère; il lui en reste un vide intérieur intolérable; et c’est l’objet incestuel (encore une fois fils, père et amant) qui va, qui peut, qui doit par délégation narcissique incarner ce monde intérieur absent ou dévasté. L’objet incestuel concrétisera donc la projection par cette mère de l’idéalité qui la fait survivre à la place des présences internes qui lui manquent. Quel périple! Ou plutôt, quel court-circuit! Oui : le court-circuit narcissique remplace les trajectoires libidinales. [Je pourrais m’interroger sur mes raisons de trouver repoussante cette théorie  fumeuse, moi qui ne perdrais rien à culpabiliser ou psychiatriser tous ces pères gagas de leur fille qui partout se sont dressés sur mon chemin, et dans ma famille même. Il faudrait quand même voir que l’enfant idolâtré l’est ordinairement pour son imprévu, sa différence, sa personnalité. L’admiration amusée avec laquelle Jules Renard consigne dans son Journal les mots, presque tous délicieux, de sa fille Baïe, qui avait huit ans lorsqu’il est mort, demeure un modèle : ce n’est pas une part de lui qu’il aime, mais une mystérieuse créativité. Ce qui ne l’aurait pas empêché de faire une gueule d’enfer si, cinq ou dix ans plus tard, elle s’était éprise d’un voyou ou d’un abruti. Que mon objection soit pertinente ou non, je vais m’arrêter là, au tiers de ce laïus sur “l’idole incestuelle”, auquel je comprends au moins qu’il ne saurait me concerner en rien. J’en ai ma claque de perdre mon temps. Les idées que m’a données le premier tiers de ce livre, par réaction pour la plupart, se sont éloignées, et je risque de n’avoir gagné à ma copie et à mes gloses que la stérilité, si toutefois elles n’étaient pas expressément faites pour m’éviter l’épreuve de rédiger quelque chose de construit et de vivant, que je repousse depuis plus de trois ans.

    Laissons donc cette “idole”, le délire du vol d’enfant et la pédocriminalité, sur laquelle rien n'est dit d'éclairant. Enjambons le chapitre sur les dangers de la paranoïa… Peut-être y reviendrai-je? Citons au moins, pour amende honorable, l’encart qui lui sert de conclusion, et qui révèle chez l’auteure une cervelle un peu moins mainstream qu’il ne m’avait semblé jusqu’à l’heure :]

 

Injonction paradoxale de type paranoïaque

En janvier 2014, les Français sont priés de bien vouloir entendre qu’il existe des limites à la liberté d’expression, et qu’il est normal que le politique se permette une ingérence sans mesure  pour condamner un humoriste en l’interdisant à l’avance de [sic] produire ses spectacles, en invoquant ses blagues plus que douteuses sur la communauté juive. Toute voix qui poserait une nuance, un doute, ou par exemple, rappellerait le principe fondamental de la liberté d’expression, est alors soumise à la vindicte populaire, accusée de soutenir l’antisémitisme et le révisionnisme. [Il n’y a pas de quoi déclencher une batterie d’applaudissements, puisque la popularité de Valls ne s’est pas relevée de cette prise de position sectaire; je donne néanmoins un coup de chapeau à quiconque, surtout encore jeune, le crâne bien bourré par plus d’un quart de siècle d’école, adepte d’une pseudo-science qui a un besoin vital de renvois d’ascenseurs, et au surplus nullement ennemi des innovations lexicales, n’emploie pas l’immonde “négationnisme”, créé à la fin des années 80 pour répondre aux questions avant de les poser.] Toute personne en désaccord est assimilée ennemie [sic] de la nation.

En janvier 2015, les Français, traumatisés par les attentats, sont priés de bien vouloir manifester pour soutenir le principe inconditionnel de la liberté d’expression pleine et entière, en référence à un journal [jadis libre, et changé depuis bon bail en torchon sectaire] qui insulte très souvent la communauté musulmane, avec des caricatures plus que méprisantes et humiliantes. [Avec ça qu’ils se gênent pour bouffer du curé! Mais ça paraît normal depuis cinquante ans. Les seuls qu’on se garde d’attaquer sont nos véritables maîtres.] Toute voix qui poserait une nuance, un doute, et pourrait se poser la question des limites de la liberté d’expression est alors soumise à la vindicte populaire, tout le monde est censé manifester [non : jusqu’à l’heure, il est encore permis de ne pas bouger, et de penser ce qu’on veut, à condition de s’en taire], y compris aux côtés de criminels de guerre.Toute personne en désaccord est assimilée ennemie [sic] de la nation.

En somme, à une année d’intervalle, les Français sont priés de soutenir l’injonction exactement contraire, et surtout, sommés de ne pas penser ni appeler au débat et à la réflexion. [Pas de quoi tomber des nues, soit. Aucune allusion aux origines différentes de l’injonction (étatique en un, populaire en deux) ni à… mon Dieu, bien des choses ou une seule! Mais on ne peut guère en dire davantage et être publié. Et tout de même, dans un ouvrage obédentiel quasiment de la première ligne à la dernière, deux alinéas de ce carat rafraîchissent, et laissent à supposer que tant de sentences péremptoires s’accompagnent d’une liberté d’esprit pas nécessairement résiduelle. D’ailleurs, s’orienter vers la psychanalyse, au XXIème siècle, n’est-ce pas se situer résolument en marge? On peut, du moins, le voir ainsi.]

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