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Le blog de Narcipat

[La “novlangue”]

23 Mai 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #VA : X : La paranoïa

 

La langue, la pensée, la manipulation

L’écrivain George Orwell, dans son roman 1984, avait déjà émis l’idée d’un langage constamment corrompu par des manipulations jusqu’à être vidé de son sens. La novlangue – Newspeak – est une simplification [Disons qu’elle en résulte, ou est censée en résulter, puisqu’elle est en cours de création dans le bouquin.] lexicale et syntaxique de la langue, destinée à rendre impossible l’expression d’idées subversives.

Cette novlangue est gérée, dans le roman, par le Ministère de la Vérité. [donnée une fois pour toutes, et cependant en constante mutation, le rapprochement est patent avec le délire paranoïaque tel que vous le voyez… au miroir?]

La nature de la langue engendre la nature de la pensée. De grands théoriciens l’ont étudié depuis l’antiquité, les langues ne produisent pas les mêmes œuvres dans les mêmes domaines, car elles ne donnent pas les mêmes outils de création. Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne a produit de très grands philosophes, de même que la France a donné de grandes œuvres littéraires [mais n’en donne plus, alors que le français a peu changé depuis Balzac ou Proust, et qu’un Brink écrit en afrikaans, néerlandais très simplifié lexicalement et surtout syntaxiquement], ou l’Italie de grandes œuvres musicales et poétiques [Les œuvres musicales n’ont qu’un lien très lâche avec la langue; et qui donc a lu le Dante ou l’Arioste? Cette illustration est superficielle.] La structure même de la langue, ainsi que son vocabulaire, conditionnent la possibilité de penser plus ou moins tel domaine. [Ou tous à la fois, ne nous voilons pas hypocritement la face : un pidgin comme langue maternelle ne constitue pas une voie d’accès idéale aux questions difficiles. Mais ce qui est plus angoissant, c’est que, selon les langues, les “domaines” diffèrent : je doute fort d’être capable de me poser en français les problèmes que se posera un Chinois, et réciproquement.] Les traducteurs le savent bien, lorsqu’ils peinent parfois à transcrire des notions, des concepts, des jeux de mots, des effets de style, d’une langue à l’autre. Prenons à l’inverse une diminution de la langue, une simplification telle qu’elle est décrite par Orwell. Ce serait effectivement l’impossibilité pour le peuple de penser, et de penser la manipulation politique dont il est l’objet.

 

    Il existe, chez le paranoïaque, comme une fascination du langage, que ce soit dans l’utilisation du néologisme [Au vu des cinq ou six mots soulignés de pointillés rouges quand je tape une page, alors qu’une de Flaubert n’en comporte aucun, je veux bien plaider coupable, mais de quoi? Qui pourrait jamais soutenir qu’un néologisme appauvrit la langue? Je serais sincèrement preneur d’une explication des néologismes par la paranoïa.], de grands termes pompeux pour impressionner [J’en fus souvent accusé, et que je visasse à l’effet, je n’aurais garde de le nier. La question importante est tout de même de savoir si j’en usais à bon escient, et certes, à renfort de bésicles, c’était loin d’être toujours le cas. Ce qui me paraît plus grave, c’est d’employer, comme vous, des expressions qui ne signifient rien, comme “l’autorité de la langue”, ou de mettre en gras que le paranoïaque “prend, en outre, l’exception pour la règle, et l’érige en norme”, redondance du signifié qui trahit l’absence de toute pensée, l’écriture poudre-aux-yeux, guidée moins par l’effet à produire que par la routine langagière qui prend les commandes dans le demi-sommeil de la raison.], mais aussi de métaphores prises au pied de la lettre, d’incantations quasi-hypnotiques.

 

La novlangue paranoïaque

Voici une blague fréquente d’un paranoïaque, qu’il aime dire à ses enfants. « Banane, ça commence par un B mais en vrai ça commence par un N ». Dans sa façon de le dire, il affiche son désir d’écraser l’autre, son mépris et sa toute-puissance. En somme, il contrôle l’orthographe des mots, et change les lettres à sa guise! Au mépris du sens de l’histoire des mots, au mépris de leur histoire. [Quelle histoire vous nous faites au sujet d’une blague que je ne saisis pas, ignorant le contexte, mais dont je puis au moins affirmer qu’elle n’a rien à voir avec la “novlangue” orwellienne. Penser, c’est établir ou comprendre des rapports : votre pensée, c’est de la daube.] 

 

• L’utilisation détournée des idéaux et des bons sentiments

L’univers paranoïaque invoque souvent un ordre moral dans lequel c’est le paranoïaque qui décide de ce qui est moral ou non. Il nomme qui a autorité ou non, c’est-à-dire qui rentre [sic] suffisamment dans son délire de création de néo-réalité.

 

Usurpations…

Voici un paranoïaque professeur d’université en psychologie. Il se proclame expert, et tout le monde ignore que, dans son dossier, il n’a même pas son titre de psychologue et s’est arrêté à la maîtrise. Comment est-il arrivé là? Sans doute par un jeu du copinage. Pour paraître savant, il utilise un jargon fait de néologismes, de termes pseudo-lacaniens. Comme chacun ne comprend rien à son discours, tout le monde se dit que oui, si on ne le comprend pas, c’est que c’est un génie. Or, son discours pseudo-scientifique ne veut rien dire. [Et celui de Lacan, qui, à supposer qu’on y comprenne quelque chose, ce qu’il a soigneusement évité, tourne en cercle fermé, ne se soumet à aucune véri/falsification, et ne sert à rien? Et le vôtre, à vous, si imbue de votre diplôme, comme si, contre la connerie et la cacographie, il constituait une targe qui dispense de se relire? J’ai eu récemment un aperçu, via mon frangin, de ce qu’on trouve en chaire en Fuck actuellement, des bourdes incroyables que commettent avec aplomb agrégés et docteurs qui croient tout savoir… et ne sont jamais confrontés à une contestation sensée, ou n’en tiennent nul compte. Mais passons, parce que ce discours-là, je le soupçonne de relever de la méfiance parano. Alors que rien n’atteste que votre imposteur, si c’en est un, soit paranoïaque. Et naturellement, pour couronner le tout, selon votre habitude, l’encart reste en marge du propos : les idéaux et bons sentiments que détournerait cet infâme individu sont parfaitement brumeux.]

 

    Les paranoïaques sont les grands gagnants des médiations, où l’idéal du médiateur est que « tout s’arrange ». Ainsi, les paranoïaques savent servir son idéal au médiateur, en faisant semblant de vouloir la paix, en invoquant que [sic] c’est l’autre qui n’arrête pas de vouloir faire des procédures, etc., alors qu’en réalité [cette réalité qui n’est autre que votre opinion], c’est lui qui persécute! La médiation sera instrumentalisée par des processus psychiques manipulateurs, et pourra même devenir l’un des instruments du harcèlement. En vertu de leur souci de l’image sociale, de plus, les paranoïaques passent souvent pour des notables irréprochables. [Ès termes de l’auteure même, on a là, ce me semble, un exemple-type de discours paranoïaque : le médiateur prend parti contre moi? Mon adversaire passe pour un notable irréprochable? Tant pis! En réalité, c’est moi qui ai raison, et tout le monde (voir exemple précédent) pourrait dire le contraire, ça n’y changerait rien. Le diplôme et les autorités sont des armes qu’elle s’est données pour la conquête du pouvoir. Pour que son discours l’emporte de droit, même s’il est lamentable de fait et ne convainc personne.

    Je n’ai aucune objection à penser que les paranos mènent le monde. Mais entre ceux qui réussissent, ceux qui parviennent à s’insérer tant bien que mal, et les malades classés, j’aimerais qu’on établît quelques passerelles significatives, qu’on me montrât à quelles conditions un délire devient communicatif, et qu’on se remît tant soit peu en question soi-même, au lieu de répéter ad nauseam que le paranoïaque ne le fait jamais… et qu’il l’emporte néanmoins dans un dialogue.]

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